Zoé Conter : « Le circuit Jeunes est une bonne base pour devenir un cavalier Sénior »
Des poneys aux Jeunes Cavaliers, l’amazone et membre actif des écuries Stephex ne cesse d’engranger de l’expérience aux côtés des meilleurs cavaliers mondiaux. À seulement 17 ans, la belge a couru son premier CSI 5*. Son parcours, la place du poney de sport en Belgique, Zoé Conter nous raconte !
Poney As : Niel Ar Crano, Escada et The Millers Boy ont été tes partenaires sur le circuit Poney. Raconte-nous tes débuts !
Zoé Conter : J’ai commencé à monter dès l’âge de 3 ans lorsque mon père, Stephan Conter – fondateur et CEO du groupe Stephex – a acheté un premier Shetland pour ma sœur Emilie et moi. Vers 10 ans, j’ai débuté la compétition. Mon père voulait que nous fassions de beaux concours alors il a investi dans de bons poneys qui avaient déjà un nom. Niel Ar Crano était montée par le français Axel Le Diberder. Ils avaient déjà fait de bons résultats ensemble, ce qui nous a poussé à son achat. Puis, nous avons voulu étoffer mon piquet. Escada a été achetée au Pays-Bas et The Millers Boy en Irlande. Mon père a vraiment fait l’effort d’aller voir ces poneys dans chaque pays pour qu’on ait de bons poneys afin de progresser.
P.A : Fille du marchand de chevaux Stephan Conter, pourquoi avoir débuté sur des épreuves internationales à poney et non directement à cheval ?
Z.C : En Belgique, les enfants débutent d’abord la compétition à poney mais vers 12 ans, nous commençons la transition vers les chevaux. Même si j’ai passé peu d’années à poney, mon père se disait qu’il était mieux de commencer avec eux sachant que j’étais encore petite à cet âge-là : en Belgique tout le monde fait comme ça.
P.A : La Belgique est une nation où l’équitation est très développée, quelle est la place du poney de sport ?
Z.C : Je connais beaucoup de cavaliers belges ayant couru à poney jusqu’au championnat d’Europe avant d’être à cheval. Certains y restent jusqu’à l’âge limite de 16 ans mais de plus en plus passent rapidement à cheval, tout simplement car il y a moins de compétitions réservées aux poneys. Ceux qui y reste jusqu’à 16 ans sont ceux qui veulent vraiment y faire quelque chose. Honnêtement, même si je concours majoritairement aujourd’hui à l’international, j’entends peu parler des poneys. À la suite du confinement, j’ai repris la compétition en Belgique sur des concours nationaux, je ne les vois pas au programme tout comme je ne vois pas vraiment de circuit « Elite » comme vous avez en France. D’ailleurs, certains montent leurs poneys dans les épreuves chevaux, ce n’est pas leur place. J’ai l’impression que les poneys deviennent moins importants aux yeux des organisateurs pourtant la Belgique est une terre de chevaux et d’élevage.
P.A : Championne d’Europe par équipe chez les Enfants en 2012, sélectionnée avec les Juniors avec une troisième place en individuel en 2016 à ton actif avec Zeta di Sabuci, médaillée d’argent par équipe en Jeunes Cavaliers, suivre ce circuit Jeunes permet vraiment de professionnaliser le cavalier ? Qu’en est-il du suivi belge ?
Z.C : Bien sûr, ces circuits m’ont beaucoup aidé surtout avec mes diverses participations aux championnats d’Europe. Se confronter aux étrangers permet davantage de progresser. Avant ces échéances, nous participons à des concours pour s’y préparer où nous courrons les Coupes des nations. Ça m’a vraiment appris à monter sous la pression, ce que je n’avais pas avant car je n’étais pas habituée à être dans une équipe. Je trouve que le circuit Jeunes est une bonne base pour devenir un cavalier Sénior. À mon époque, et je pense que le staff le fait toujours, il essayait d’organiser des journées avec des cavaliers belges ou chef d’équipe lorsque nous étions sélectionnés pour un championnat afin de s’y préparer. C’est vraiment bien !
P.A : Dans certains pays, le circuit à poney perd de sa valeur face à celui des Enfants. Ayant couru ces deux types de circuit, comment analyses-tu ce fait, notamment en Belgique ?
Z.C : Finalement, je n’ai pas vraiment vu beaucoup de différence car les cavaliers à poney étaient aussi régulièrement ceux que je retrouvais à cheval. Mais, les cavaliers Enfants peuvent participer à bien plus de concours en Belgique que s’ils étaient à poney. Beaucoup de chevaux peuvent sauter le circuit Enfants à 1,25/30m, il est bien plus facile d’en trouver ! Alors que les poneys sont limités à environ 1,35m : ils sont à leur maximum. Par comparaison, c’est comme si vous vouliez un cheval pour courir du 5* à 1,60m ! Le poney doit être vraiment très bon pour ces épreuves ! Alors c’est normal qu’il coûte bien plus cher qu’un petit cheval pour un jeune pilote.
P.A : À seulement 21 ans, tu fais partie des visages que l’on croise régulièrement sur les CSI 5*. Quelles sensations ressens-tu lors de ces échéances ?
Z.C : Il y a des avantages comme des désavantages à être jeune sur le circuit 5*. Lorsque je fais des fautes, il est facile de dire « elle est encore jeune et n’a pas l’expérience qu’il faut avoir ». Sur ces pistes, je côtoie les grands cavaliers et j’apprends rien qu’en les regardant ! Mais, c’est également un désavantage car tout le monde me regarde : ils en attendent beaucoup. Tous les yeux sont rivés sur moi. Ce n’est pas toujours simple de se mettre dans sa bulle avec son cheval d’autant plus que mon nom CONTER me rajoute une pression supplémentaire bien que ce soit aussi un avantage m’ouvrant beaucoup d’opportunités comme participer à ce circuit. Lorsque j’étais plus petite, je voyais les grands cavaliers sur les 5* : c’était vraiment mon rêve d’y participer. Aujourd’hui, j’ai la chance de courir à leurs côtés, c’est un rêve qui se réalise. Aux écuries, je m’entraine également avec l’Italien Lorenzo De Luca et l’allemand Daniel Deusser. Ce n’est pas toujours simple de coordonner nos organisations pour avoir un programme car ils sont pratiquement tous les week-ends en compétitions, mais ils sont toujours là lorsque j’ai besoin !
Propos recueillis par Léa Tchilinguirian