So’Pony : Maguy d’Ecaussinnes au sommet de sa génération

La finale des 7 ans de la Fédération française d’équitation est depuis plusieurs années maintenant l’un des temps forts des championnats estivaux du circuit Poney. Lancée en 2008 dans le cadre du Sologn’Pony, avec à peine une dizaine de finalistes, l’épreuve a progressivement gagné en envergure pour devenir un championnat de référence, véritable antichambre de l’As Poney Élite pour les poneys les plus prometteurs. Fidèle à Lamotte-Beuvron depuis sa création, intégrée au Sologn’Pony jusqu’en 2022, puis aux championnats de France sur poneys en 2023 et 2024, la compétition a retrouvé en 2025, après deux années d’interruption, le programme de la Grande Semaine de l’élevage des poneys, orchestrée par la Société hippique française. Une première donc à Fontainebleau !

Courue ces dernières éditions par une cinquantaine, voire une petite soixantaine de concurrents en moyenne, la finale « Future Élite » a réuni cette année un plateau de soixante-sept montures, issues de races pures de poneys, de croisements (de races de poneys ou cheval x poney ou l’inverse ; ces croisements cités étant depuis bien des années les plus populaires) ou bien de chevaux. Un succès d’un point de vue fréquentation donc, qui confirme l’attractivité croissante de cette finale, même si certains couples n’affichent toujours pas encore le niveau requis. Rappelons que l’épreuve se dispute sur deux manches qualificatives à 1,20 m, ouvrant l’accès à une troisième manche réservée aux trente premiers du classement provisoire. La première manche, disputée vendredi sur le Petit Parquet, a vu vingt couples signer un parcours sans faute, tandis que la seconde, plus sélective, courue le lendemain sur la carrière des Princes – cadre également de la finale dominicale – n’en a recensé que neuf. Au cumul, trois montures abordaient l’ultime acte sans la moindre pénalité, une autre avec un point, et neuf totalisaient quatre points. Dans ce sport où rien n’est jamais acquis jusqu’à la ligne d’arrivée et où l’incertitude demeure une composante, la supériorité des trois leaders provisoires – la qualité intrinsèque des montures, conjuguée à l’équitation de leurs cavaliers – a cependant réduit le champ des possibles. Ainsi, E.T.’S Princesa Z, Inception Alias et Maguy d’Écaussinnes, irréprochables sur les trois tours, durent être départagées lors d’un barrage décisif ! Sur ce quatrième round, Maguy d’Écaussinnes, dernière à s’élancer et habilement menée par le très talentueux Dylan Ringot, a réussi à grapiller quelques centièmes de moins au chronomètre de référence établi par l’ouvreuse E.T.’S Princesa Z, associée à Pauline Henry. Montée par Jules Demarcy, 15 ans et demi et habitué à sauter les Grands Prix du circuit de la Tournée des As, Inception Alias, très à l’aise elle aussi, s’est un peu déréglée au jeu de la vitesse et a été pénalisée de 8 points. Classée troisième, la championne des 6 ans de l’an passé a donc ajouté une nouvelle belle ligne à son palmarès.

Qui sont les montures du podium 2025 ?

Issue de l’élevage d’Écaussinnes de Christophe Ameeuw, situé à une cinquantaine de kilomètres de Bruxelles, Maguy d’Écaussinnes présente la particularité de n’avoir jamais foulé une piste de compétition avant son acquisition, fin 2024, par son cavalier, soutenu dans ce projet par sa famille et Stéphane Faivre – le père de Brune, également propriétaire d’O Rockabilly, qui avec Dylan, a été sacré champion de France du Criterium Pro 1 en avril dernier à l’occasion du Printemps des sports équestres. Dans le piquet de chevaux de Dylan depuis moins d’un an, cette jument de « bonne famille », naturellement douée, a réalisé une excellente progression dans un temps record. Une montée en puissance marquée notamment par une victoire à la mi-mai dans le Grand Prix Future Élite de Pernay. « Maguy a tous les moyens : le respect, l’envergure nécessaire pour faire du haut niveau », confiait son cavalier en sortie de piste. Mise sur le marché, la baie foncée a d’ailleurs attiré l’attention des recruteurs, notamment irlandais, dont une petite équipe de repéreurs était présente à Fontainebleau, et son avenir pourrait bien s’écrire hors de nos frontières. Il en sera de même pour quelques très bons poneys qui devraient poursuivre leur carrière pour le compte de nations étrangères. Du côté du pedigree de la championne : la petite jument de selle belge à œil bleu est une fille du BWP Le Coultre de Muze, l’étalon de CSIO de Philippe Rozier et de Via Les Cedres Verts, une jument qui a sauté les 1,35 m, elle-même fille de Landor S et d’Arizona van Arenberg (par Quidam de Revel), performante sur 1,45 / 1,50 m et mère, entre autres, de l’étalon de CSIO5* Utamaro d’Ecaussines. De cette souche prestigieuse provient également Dame Blanche van Arenberg.

Ce couple (formé donc par un cavalier professionnel récemment sélectionné en Coupe des nations Senior et associé à une monture encore peu expérimentée, mais déjà remarquablement préparée et très prometteuse), s’avérait difficile à battre. Comme la vice-championne d’ailleurs, au profil similaire, qui présente elle aussi un papier 100 % cheval. Il est même original puisque E.T.’S Princesa Z est une fille de E.T. Cryozootech Z, le clone du légendaire E.T. d’Hugo Simon (qui est co-naisseur de Princesa avec Christophe Juncker). Sa mère, Loana (par Landsberg, Holst), sœur utérine de Cassy qui a concouru sur des épreuves à 1,50 m, a produit l’étalon Shirkan Z (CSO 1,40 m). Bien dressée, parfaitement à l’aise sur ces hauteurs et la technicité des parcours, Princesa a su exprimer tout son potentiel sous la selle expérimentée de Pauline Henry, elle aussi cavalière professionnelle, spécialisée dans les poneys. Déjà lauréate en mai du très disputé Grand Prix des 7 ans de Fontainebleau et dotée de qualités certaines, cette jument possède tous les moyens pour prétendre à de belles performances en Grand Prix As Poney Élite Excellence.

Le podium est complété par le couple Inception Alias / Jules Demarcy. À rebours de l’adage « jeune cheval, vieux cavalier », le duo s’est construit ensemble, sous l’œil avisé de professionnels, les parents du jeune pilote et l’éleveuse de la ponette, Miléna Le Guen, toujours propriétaire. Régulièrement sans faute cette saison, la paire s’est essayée aux Grands Prix de CSIP avec succès et continuera d’évoluer sur ces belles épreuves jusqu’à la fin de l’année, Jules atteignant la limite d’âge pour les épreuves internationales poneys de 2026. Triple championne de France du National Poney Français de Selle, Inception est une fille du Holsteiner Catoki et de la poulinière phare de l’élevage Alias, la petite PFS Queen Sympatico Tilia (par Welcome Sympatico SL, Han).

À la quatrième place, I Am Leam Menhir, un poney très imprégné de sang Connemara né chez Jean-Michel Le Corre et monté par Nolann Ruyault, 15 ans et demi, a seulement concédé une faute lors de la deuxième manche. Lauréat de deux Grands Prix des 7 ans cette saison, ce fils du PFS Dragster du Menhir (Rexter d’Or, Pfs x Leam Finnigan, Co) et de Vendetta of Queens (Co, par Quakou d’Argoat) est un descendant de la souche de Caline des Ouches, à l’origine de poneys de Grand Prix. Ses prestations à Fontainebleau laissent augurer une entrée prochaine dans la catégorie supérieure.

Cinquième, Inlove Dolly Aubépine a effacé une faute initiale pour signer un excellent parcours sans pénalité lors de la deuxième manche, avant de conclure avec seulement un point de temps dans la troisième qu’il a également survolé. Ce Poney français de selle, taillé pour le grand sport (et lui aussi plébiscité), était présenté par Myla Moulin Teste, également cavalière de l’étalon PFS Iram boy d’Embets (par Sandro Boy, Old et Deep White des Embets, Wpb par VIP des Demoiselles) classé septième (sans-faute et deux fois 4 points). Né chez Dominique Calvier, de sa poulinière phare Ollystar (par Quick Star, Sf), il représente la production de l’étalon Salam du Roc. Sanctionnée de 8 points pour une faute commise sur les deux premières manches, la Welsh Part-bred Ile Rousse Lanlore (par Potter du Manaou, Aa et Neredva de St Gery, Wtc par Friquet d’Audes, Wb), née chez Anne Dafflon, prend la sixième place. Cette ponette très concours et pratique, au pied du podium du championnat de France As Poney 2 D en juillet dernier, forme un couple prometteur avec Maëlie Lambert, élève d’André Bonneau.