Mai Linh Benguigui, nouvelle ambassadrice Poney As !
Remarquée aux rênes de son tout bon poney B Gameboy d’Été, Mai Linh Benguigui a encore retenu notre attention l’été dernier, lors des championnats de France Poney Élite. Cette fois, loin des obstacles, mais dans un rectangle de dressage ! La prometteuse petite cavalière pouvait alors s’enorgueillir d’avoir décrocher le précieux métal, sans pour autant penser au haut niveau qu’elle allait aborder, avec son partenaire d’expérience Bandro Hit Linaro, quelques mois plus tard.

Mai Linh, quel a été ton parcours équestre avant ton association avec Bandro Hit Linaro ?
Toute petite, j’ai fait quelques balades à Shetland et vers mes 7 ans, j’ai commencé à suivre plus sérieusement les cours, trois ou quatre fois par semaine, et j’ai eu ma première petite ponette, Uniflore, vers 7 ou 8 ans. Avec elle, j’ai évolué en P3 / P4 de CSO. Après, j’ai eu Drahan, un autre poney B, assez compliqué, avec qui j’ai tourné en P3 / P2, toujours en CSO. J’ai couru mon premier championnat de France avec ces deux poneys, et pour l’anecdote, en dressage, Drahan m’a trimballé, est parti droit devant lui, et a sauté les quatre carrières. C’était mémorable… (rire). Nous l’avons gardé, car il était impossible de nous en séparer, il fait partie de la famille et profite d’une belle vie au pré à 9 ans. J’ai ensuite monté Gameboy d’Été, mon super poney B que j’ai gardé 2 ans. Il est toujours à nous, je l’adore. Il n’était pas forcement à louer, mais nous avons quand même appelé ses propriétaires. Il avait 5 ans et devait faire les 6 ans, nous l’avons attendu 8 mois avec impatience. Je n’avais pas trop le niveau au début, et il a été très gentil avec moi : en 3 mois, je suis passée de la P3 à la P1. Avec lui, je suis sortie en Poney 1 et Poney Élite de CSO (vice-championne de France en Poney 1 B de CSO en 2023, 15e / 38 en Poney Élite C de CSO l’an passé) et ai fait quelques épreuves de dressage. Après, j’ai eu Bandro ! Au début, c’était compliqué d’en monter deux en même temps, surtout par rapport à l’école. J’aimais beaucoup le CSO et appréciais le dressage. Je me suis lancée sur une année de dressage et cette discipline m’a beaucoup plu. Depuis, je ne me concentre plus que sur celle-ci.
Tu avais donc goûté un peu au dressage avant de monter Bandro Hit Linaro : comment percevais-tu cette discipline ?
Quand j’ai commencé, j’aimais bien le dressage, mais ce n’était pas non plus « la folie » (rire). J’ai pris le départ d’un championnat de France en dressage avec Gameboy (4e / 28 en Poney 2 B en 2023) et j’ai terminé la compétition en disant à ma tata « regarde-moi bien, je ne ferais plus jamais de dressage ! ». En fait, quand je montais en CSO, je trouvais que le dressage paraissait super simple, qu’il fallait juste poser ses fesses sur son poney, mais j’ai complètement changé d’avis : c’est une discipline très technique ! Il n’y a pas de place pour la chance. Si on fait une georgette en CSO, avec un peu de chance la barre ne tombe pas (rire), alors qu’en dressage, on n’a pas cette chance, je l’analyse comme ça maintenant. Si je ne fais pas ce qu’il faut, la note tombe et elle est sévère. Je crois que cet aspect « perfectionniste » me fait du bien. On est loin de « l’à-peu-près ». J’essaie de me donner à fond, d’être précise, concentrée. J’ai vraiment gouté aux sensations avec Bandro ! Et maintenant, j’adore ça !
Qui t’entraînait lorsque tu montais tes petits poneys ? Est-ce le même coach aujourd’hui ?
Je m’entraînais dans l’écurie Grandjean, dans l’Oise, avec Jean-Philippe Lima qui est spécialisé dans le concours complet. C’est lui qui m’a formée ; il m’a donné les bases. Jean-Philippe avait ses propres concours et suivait également toute son équipe en compétition dans cette discipline ; il était difficile pour lui de m’accompagner sur les CSO. Je suis restée deux ans dans l’écurie. Bandro est arrivé et comme il avait des besoins spécifiques, nous avons changé d’écurie et sommes allés dans l’écurie Lostria. Aujourd’hui, c’est Ella Lostria qui m’entraîne.

Comment as-tu connu Bandro Hit Linaro, qui avait signé la meilleure performance tricolore aux championnats d’Europe du Mans ?
Au Mans justement. Nous y sommes allés pour regarder la compétition. Les championnats d’Europe en France, c’est exceptionnel, il ne fallait pas les rater ! On me cherchait déjà un poney un peu plus grand à cette période-là (2023 donc, ndlr), mais plutôt un C, pour me mettre vraiment au dressage, mais je n’étais pas au courant. Par hasard, nous sommes tombés sur Bandro. On a craqué, il est vraiment trop beau ! En plus, il fait le show donc on le remarque. On ne savait pas qu’il serait à louer, nous ne connaissions pas beaucoup de personnes dans cette discipline non plus. Au mois d’août, des amis (la famille Dufil) ont envoyé à ma tata une story Instagram de Thanaïs (Capelle Morosi, sa cavalière des championnats d’Europe 2022 et 2023, ndlr) où il était annoncé être à louer. On ne pensait pas que sa propriétaire allait faire confiance à une petite cavalière de 10 ans qui n’avait pas vraiment fait encore beaucoup de dressage, mais on a essayé, et trois jours après, il était avec nous ! J’ai vraiment eu beaucoup de chance que sa propriétaire me fasse confiance et accepte qu’il redescende de catégorie. Je l’ai essayé très peu de temps et nous l’avons ramené aux écuries pour faire un essai de quinze jours. Cela nous a permis aussi de voir si nous arrivions à gérer un entier. Et ça s’est fait ! A la mi-décembre, Bandro a rejoint l’écurie Lostria. Ce qui est drôle, c’est que mon papa et ma tata montaient chez Bruno Lostria lorsqu’ils étaient plus jeunes. On ne savait pas que l’écurie était à une demi-heure de la maison (et comme l’histoire de Mai Linh rassemble une panoplie de boucles familiales, son père (qui a couru les Minimes et Cadets en CSO) et sa tante (les Juniors en CSO et les Cadets en dressage) avaient par le passé leurs chevaux dans l’écurie Grandjean à Lamorlaye. Bandro Hit Linaro, lui, découvert à l’occasion de l’échéance sarthoise, avait été débuté, entre autres, par Mélissa Prévost – élève de Jean-Philippe Lima – que sa famille avait connu bien après ses titres européens en concours complet avec Podeenagh Aluinn, à l’écurie Grandjean ! ndlr).
Que peux-tu nous dire sur Bandro Hit Linaro ?
Il est super gentil, il n’a pas un caractère d’entier, il est très respectueux, même à pied, il a plein de qualités. Quand je le monte, il fait attention à moi : en selle, il ne me mettra jamais en danger. Je le trouve très protecteur, il ne bouge plus une oreille ! Et quand je ne fais pas bien les choses, il ne le fait pas non plus, c’est un super maître d’école.
Et toi, comment pourrais-tu te qualifier en tant que cavalière ?
On me dit que je suis un peu pessimiste, c’est à dire que je retire ce qui n’a pas été de mes leçons et n’arrive pas trop à dire ce qui a été ou les bonnes choses. À cheval, j’arrive à bien garder la tête froide. Je suis toujours meilleure en concours qu’à la maison. Je ne suis pas une fille très stressée.

As-tu eu, lorsque tu as commencé à le monter, des sensations qui sortaient de l’ordinaire ?
Oui ! Il sortait des championnats d’Europe, Thanaïs l’avait mis au bouton ! Je ne pouvais pas trotter allongé, je faisais des gros bonds dans ma selle ! Au début c’était compliqué : je sortais de mon poney B de CSO, qui avait de belles allures, mais pas du tout du niveau de Bandro. J’avais vraiment du mal, mais à force de faire des leçons au trot assis, c’est rentré.
Tu as tissé une relation élève / coach avec Ella Lostria : comment pourrais-tu la définir aujourd’hui ?
Ella est jeune, en s’entend très bien ! Elle est hyper gentille, mais sait bien me booster lorsque je ne suis pas trop là. Je monte Bandro quatre ou cinq fois par semaine et Ella le travaille une ou deux fois. Je n’ai encore ni le niveau, ni les jambes pour le porter et j’ai besoin qu’elle monte sur mon poney un quart d’heure ou 20 minutes pour le remettre dans l’action, afin qu’il garde la bonne attitude. J’ai quand même progressé assez vite, grâce à Ella. Je montais en CSO et ne savais pas faire grand-chose en dressage, je ne savais pas, par exemple, le mettre en place. Je ne savais pas faire non plus les déplacements latéraux. Maintenant ça va beaucoup mieux, Ella m’a appris à les faire, on les a beaucoup travaillé. Ella m’inculque le perfectionnisme, elle a cette qualité là en plus d’être très compétitrice, ça me fait beaucoup de bien. Elle m’accompagne sur tous les concours : elle s’y rend avec son cheval pour faire les U25 et moi avec Bandro. Elle a envie que je réussisse, je me sens soutenue.
À Jardy, tu devais être engagée tout le week-end en As Poney 1 et l’on t’a pourtant vue dérouler une reprise de l’As Poney Élite. Peux-tu nous expliquer ce changement de programme et nous livrer une petite analyse de cette première à ce niveau ?
Ce n’était pas prévu du tout. Je devais faire l’As 1 tout le week-end, je n’avais jamais déroulé les reprises d’As Poney Élite. Apparemment, j’ai bien monté le premier jour et les juges ont dit à Ella qu’il serait intéressant que je m’essaie à l’As Poney Élite. Je n’avais jamais travaillé les figures. Les pirouettes un petit peu, les appuyés non. La serpentine à quatre boucles, les reculés : c’était une totale découverte. Je ne connaissais pas du tout la reprise et l’ai révisée le soir même. J’étais quand même un peu stressée de ne pas la connaître car j’avais peur de me tromper. La reprise n’a vraiment pas été parfaite, mais j’étais quand même contente d’avoir relevé le défi. Pour moi, je n’allais dérouler les reprises Grand Prix que l’année prochaine, et je me suis rendue compte que j’étais quand même capable de commencer cette saison.
Qu’est-ce qu’il te reste à améliorer cette saison pour que tu sois encore plus fière de toi ?
J’aimerai bien améliorer ma position, surtout à la maison et bien maîtriser les reprises d’As Poney Élite, surtout l’Individuelle, car elle s’enchaîne assez vite, il ne faut pas que je me relâche entre les figures.
Désormais, que vises-tu en termes de niveau, de compétitions et de championnats ?
Je vise le CDIP de Compiègne. J’ai bien déroulé mes reprises à la maison et on a commencé à aborder la RLM, du moins à définir le tracé ! L’Équipe, je l’ai bien travaillée, l’Individuelle, il faut que je la travaille vraiment, je la trouve plus dure. Selon Compiègne, si la compétition se passe bien, j’irais peut-être à Lier en Belgique, et après à Jardy, puis à Lamotte. Même si j’ai la possibilité de me rétracter en As Poney 1, je veux faire ce championnat en As Poney Élite. Je vais donner le meilleur de moi.
Soyons fous… Au regard de ta saison peu commune, est ce que tu penses aux championnats d’Europe dans un coin de ta tête ?
Je commence tout juste et 2025 est une année de préparation. Je n’y pense pas de trop, mais j’adorerais les faire, bien sûr. Ça ne repose que sur moi, je vais me donner à fond et on verra la réponse de Muriel Leonardi.