Retour à la liste d'articles Article du 02/09/2022

Lou Eden Commenge : le succès, des parcours d’obstacles aux rectangles de dressage

Elle a fait une arrivée fracassante sur les carrières de dressage en Grand Prix Poney depuis le début d’année, en s’invitant régulièrement sur les podiums des différentes épreuves auxquelles elle a pris part ; j’ai nommé Lou Eden Commenge ! Associée depuis quelques mois à l’européen Oscar, la jeune cavalière est désormais très scrutée lors de ses passages sur le rectangle. Rencontre.

Avec Oscar, l'ancien poney de Suzanne Camus, Lou Eden Commenge réalise une première saison très remarquée en Grand Prix de dressage - ph. Marine Delie
Avec Oscar, l’ancien poney de Suzanne Camus, Lou Eden Commenge a réalisé une première saison très remarquée en Grand Prix de dressage – ph. Marine Delie

Si elle tourne aujourd’hui sur les plus hautes épreuves de dressage, c’est pourtant bien en CSO que la jeune fille se voyait atteindre le haut niveau : « Avant je faisais du saut. J’ai commencé à monter dans les épreuves avec ma jument de tête, Vélane Floraly, avec qui je faisais As2, avant de la vendre. J’ai eu Binils du Quesnay avec qui je faisais As1 pour aller faire Grand Prix, mais on a eu l’occasion de la vendre à une bonne personne en Italie. Il allait me rester deux ans, donc potentiellement parfait pour aller faire les Grands Prix As Excellence. Ce n’était pas du tout mon but d’aller faire du dressage. Mes parents sont dresseurs, mais ça ne m’attirait pas plus que ça. Donc on a acheté Volt, qui avait déjà tourné en Grand Prix ». Cependant, le temps joue contre le couple : les épidémies de coronavirus et de rhinopneumonie s’enchaînent, et une malheureuse blessure à l’entraînement ne leur permet pas de faire leurs preuves sur les terrains. Face à ces contretemps, la jeune fille se tourne vers le dressage : « ma mère m’a passé sa jument de tête, Win du Vieux Logis, avec qui j’ai commencé à faire des petites épreuves. Puis ça a commencé à me plaire, on a formé un joli couple. Il y avait une bonne entente. On a décidé d’aller sur le circuit Junior. Sur ma première B2, premier concours avec elle, je me classe 2e. J’ai continué comme ça jusqu’aux championnats de France en Amateur. Je termine 6e, j’étais super contente. Mais Win avait une dizaine d’années déjà, elle nous a beaucoup donné, donc on a décidé de la mettre à la reproduction ».

Vient alors le tournant pris grâce à Oscar : « il nous a été présenté par Xenia (Stadnitzky Kolendo, qui entraînait Suzanne Camus, la précédente cavalière de ce New Forest néerlandais membre de l’équipe de France aux championnats d’Europe 2021, et qui est la maman de Blanche Carré Pistollet, cavalière de Dazzling Kid d’Herbord et aussi membre de l’équipe de France, ndlr). C’était lors d’un stage de détection juste après les championnats : j’ai essayé Oscar et j’ai été épatée, c’était la première fois que je montais sur un poney qui avait de telles allures ! C’était super bien, on s’est vraiment bien entendus, donc on s’est dit pourquoi pas essayer, surtout pour ma dernière année à poney ».

Le couple Lou Eden / Oscar lors du CDIP de Compiègne en mai dernier - ph. Marine Delie
Le couple Lou Eden / Oscar lors du CDIP de Compiègne en mai dernier – ph. Marine Delie

« C’est un honneur d’être sélectionnée et de porter les couleurs de la France »

Derrière, les résultats ont rapidement été au rendez-vous. Après avoir remporté ses deux premières reprises en Amateur 2, le couple enchaîne sur les premiers Grands Prix de la saison : « ça a commencé à bien se passer, notre premier concours en Grand Prix Poney était au Mans : on se classe deuxièmes les trois jours ! J’étais super contente, et ça a continué comme ça, en progressant à chaque fois. Je prends énormément d’expérience et de plaisir ». La série de bonnes performances est lancée, avec les CDIP du Mans et d’Opglabbeek, et le CDIOP du Mans : « ce sont des expériences de folie, surtout l’international que j’ai fait à Oplgabbeek. Même si je n’ai pas gagné, c’était vraiment incroyable, tu as le sentiment de faire partie des meilleurs ! Je garde aussi un super souvenir de mon premier international au Mans, où le premier jour je finis 8e ex-aequo avec Blanche ! Après on a été sélectionnés pour notre première Coupe des Nations, ça aussi ça reste une expérience incroyable. Même si j’ai vécu beaucoup de très bonnes expériences avec mes autres poneys, je pense que c’est avec Oscar que je vis les meilleures choses ! C’est un honneur d’être sélectionnée et de porter les couleurs de la France ».

Un travail quotidien pour toute la famille Commenge

Pour en arriver là, c’est tout un système désormais bien huilé qu’il a fallu mettre en place. Lou Eden peut notamment compter sur ses parents, Nicolas et Frédérique Commenge, responsables des écuries du même nom en Seine-et-Marne. « Mes parents sortaient en épreuves professionnelles de dressage. Pour eux, au départ c’était compliqué de m’accompagner en saut, même s’ils m’ont beaucoup aidée pour le travail sur le plat. Quand j’ai commencé à aller vers le dressage, c’était beaucoup plus simple pour eux de m’encadrer. Ils sont mes coachs, mes grooms, me donnent des conseils… Ça permet de faire des progrès énormes et d’aller beaucoup plus vite. Je suis très reconnaissante envers tous ceux qui m’ont aidée à avancer en saut, mais là je suis à la maison, je travaille au quotidien… Depuis que j’ai commencé le dressage, rien ne serait possible sans mes parents. A côté, je travaille aussi avec Christophe Saux, leur entraîneur ».

Lou Eden et ses parents, Nicolas et Frédérique Commenge, responsables des écuries Liverdy Dressage - ph. Marine Delie
Lou Eden et ses parents, Nicolas et Frédérique Commenge, responsables des écuries Liverdy Dressage – ph. Marine Delie

En plus de cet accompagnement, le programme sportif du couple est également scrupuleusement organisé pour arriver dans les meilleures conditions en concours. « On a une piste de galop, donc le lundi, pour éviter que ce soit toujours la même chose et qu’Oscar se lasse, on fait une séance tranquille. Si je peux, j’aime bien partir en balade. Toujours travailler les mêmes reprises, ça peut être répétitif. Je fais aussi parfois des petites barres au sol en mousse, j’essaye de varier. Je le monte tous les jours. Le mardi, c’est une détente pour le remettre bien dans le dos. Le mercredi, généralement on déroule, le jeudi aussi. Ensuite, ça dépend s’il y a un concours. Si c’est une TDA, le jeudi on va faire une pause (repos ou paddock) et le vendredi on travaille. On part au concours qui a lieu samedi et dimanche. Si le concours est sur une longue semaine, comme par exemple les internationaux, on va partir le mardi pour faire la visite véto qui est soit le mercredi soit le jeudi, et ensuite on régule le travail. Je peux le monter plusieurs fois par jour, mais ce sont des choses tranquilles pour le travailler dans son dos, ce n’est pas forcément très intense, mais plus on le garde chaud dans le dos mieux c’est pour lui. On essaye d’être toujours très réguliers ».

Une montée en puissance jusqu’aux échéances de fin de saison

La jeune cavalière espère bien encore progresser, techniquement comme mentalement. « Le premier jour se passe toujours mieux que le deuxième, j’ai toujours la tête froide. Je suis toujours autour de 69 %, mais maintenant, j’aimerais aller chercher les 70 % ! Le deuxième jour, j’ai toujours un peu plus de mal. Je travaille beaucoup mon mental avec Maxime Châtaignier en ce moment, parce que le deuxième jour, j’ai l’envie de faire la même chose que le premier jour, voire mieux. J’ai aussi envie de me sélectionner pour la RLM, du coup il y a encore plus de stress. La reprise est encore plus dure. Oscar a du mal sur l’allongement au trot et il y en a trois… C’est vraiment un énorme travail sur moi que je fais. De plus, ça tire un peu sur lui, il prend de l’âge et donc on fait très attention à lui, on fait tout ce qu’il faut pour qu’il aille bien. En piste il faut que j’arrive à avoir plus d’impulsion, plus d’énergie, on veut voir plus. Il n’est pas spectaculaire, mais par contre il est beau, quand c’est bien fait et qu’on est tous les deux ensemble on gagne des points facilement. Pour l’instant, on s’arrête à 69 %. Il faut que je prenne un peu plus de risques. Pour le galop, par exemple, il faudrait être plus démonstratifs. On peut aussi améliorer encore le pas, il peut aller chercher encore un peu plus dans l’allongement. De mon côté, il faut que je sois plus précise encore, je peux être approximative donc je perds des petits points ».

Le couple Lou Eden / Oscar lors du CDIP de Compiègne en mai dernier - ph. Marine Delie
Lou Eden et Oscar lors du CDIP de Compiègne – ph. Marine Delie

Venant du CSO, la jeune cavalière voit bien les différences entre les deux disciplines : « Les deux disciplines sont différentes. Sur le CSO on travaille beaucoup le mental, mais là c’est encore différent, on est encore plus dans la bulle, il faut être dans la reprise tout du long ! Ce n’est pas forcément plus de pression, mais c’est encore plus dur : pendant sept minutes on est tout seul. En dressage, il faut tout le temps être dans sa bulle, concentré, on ne peut pas s’éparpiller dans tous les sens. C’est encore plus fatiguant ! ».

Évidemment, l’idée est que ces envies et ces progrès se concrétisent en cette fin de saison. « On veut l’avoir au top pour Hagen, en étant à nouveau dans la Coupe des nations. C’est ma dernière année à poney. On va avoir Hagen, les championnats de France, et on croise les doigts pour les championnats d’Europe ! C’est un ensemble : l’encadrement est en place, on fait les bons soins, tout au bon moment… Donc on espère que ça va tenir ! ».

Agée de 16 ans, la jeune amazone se pose évidemment la question de l’avenir : « je ne pense pas que je vais me relancer dans le saut. On va peut-être me confier des chevaux ; j’ai aussi un jeune en préparation, Flash. S’il n’est pas vendu d’ici-là, on va essayer d’aller faire les Juniors. C’est un cheval pratique, il a six ans, on l’a débourré à la maison, et je l’ai déjà monté quelques fois, donc je pense plutôt continuer en dressage en Juniors ».
Marine Delie

Article publié dans le dernier numéro du magazine Poney As. Depuis, Lou Eden Commenge  a été sélectionnée pour les championnats d’Europe avec Oscar (6e par équipe).

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