Retour à la liste d'articles Article du 19/08/2020

Camille Favrot : « Mes années à poney m’ont appris à gérer un sportif de haut niveau »

Camille Favrot et son « poney volant » Uhelem de Seille ont réalisé une formidable saison 2017. Détentrice du titre de championne de France en As Poney Elite Excellence, l’amazone est aujourd’hui à cheval et compte bien retrouver la veste bleue. Elle revient avec nous sur les années qui ont marqué sa vie de cavalière et nous livre ses objectifs.

Camille Favrot et Uhelem de Seille, Generali Open de France - ph. Poney As
Camille Favrot et Uhelem de Seille lors des championnats de France As Poney Elite Excellence – ph. Poney As

Poney As : Raconte-nous ton histoire avec Uhelem de Seille !
Camille Favrot : Uhelem a été trouvé par mon ancien coach Jean-Luc Vernon chez qui j’étais cavalière au Club Hippique des étangs de Meudon. Je cherchais un poney avec davantage de moyens afin de pouvoir courir les gros Grands Prix et plus si possibilité. Je suis allée l’essayer chez son ancienne pilote Nina Mallevaey, j’ai d’ailleurs effectué peu de sauts car il allait en concours par la suite. Mais, le coup de cœur est très vite venu ! Il est arrivé à mes côtés en mars 2015 en commençant la compétition par des épreuves de 7 ans et les As Poney 1 où nous sommes médaillés d’argent lors des championnats de France. Puis, nous avons pris le départ de nos premiers Grands Prix, et tout s’est enchainé. Avec Uhelem, nous avons eu des hauts et des bas, ça n’a pas été si simple de ne former qu’un. Nous avons vraiment eu un déclic lors du Bonneau International Poney en 2017 et par la suite, nous avons enchainé les bons parcours jusqu’au championnat de France où nous remportons le titre ultime en As Poney Elite Excellence puis la sélection pour les championnats d’Europe, à Kaposvàr, en Hongrie.

Poney As Uhelem de seille actu
Le style « sabots dans les naseaux » de l’étalon Uhelem de Seille, fils de Dexter Leam Pondi – ph. Poney As

P.A : Quels ont été les moments marquants de ta carrière sportive à poney ?
CF : Ce n’est pas une victoire mais, comme je le disais, le Bonneau International Poney en 2017 a été très important pour moi (le couple s’était classé deuxième lors du Grand Prix du CSIOP, ndlr). J’ai toujours eu un bon feeling avec Uhelem, et je pense que sans ça, il n’aurait jamais autant donné. À la suite de cette performance, la connexion entre nous est devenue très fluide. Nous avons également réalisé un double sans-faute dans la Coupe des nations à Hagen la même année.

P.A : Sélectionnée pour tes premiers championnats d’Europe à Kaposvàr, en Hongrie, en 2017, comment les as-tu vécus ?
C.F : C’étaient à la fois mes premiers et mes derniers championnats. La pression est totalement différente du reste, je me disais que je n’en avais jamais fait… Je me sentais prête, mais cette dernière pouvait être plus forte : je la gérais différemment, ce qui a pu se faire ressentir pour Uhelem et moi. Cependant, nous avons quand même réalisé des parcours parfaits. Je pense qu’il nous manquait un championnat dans notre carrière commune pour bien le gérer.

bip 2017 poney as
Camille Favrot et Uhelem de Seille lors du BIP que la cavalière évoque comme une compétition déterminante – ph. Poney As

P.A : Que t’a apporté de monter en équipe de France ?
C.F : Mes années à poney m’ont appris à gérer un sportif de haut niveau. Le cheval est un athlète à s’occuper au quotidien. Aujourd’hui, je gère mes équidés, Beaugosse des Vaux et Delice VD Peinwinning Z, comme je le faisais avec Uhelem. J’ai beaucoup appris aux côtés du vétérinaire qui le suivait tous les mois, le soigneur ou encore le maréchal. Même si c’était un poney, il reste un équidé et j’ai tout appris à ses côtés. Sans ça, je ne pense pas que je saurais aussi bien m’occuper de mes chevaux et surtout, je n’en serais pas là aujourd’hui ! Concernant les sponsors, lorsqu’on commence à toucher le haut niveau, ils viennent rapidement à nous même si moi je n’étais pas la plus représentative là-dessus. J’avais tout de même un partenariat avec Butet, Flex On et Michel Vaillant que j’ai toujours actuellement.

P.A : Au lendemain de ton aventure à travers le circuit de haut niveau à poney et aujourd’hui cavalière du Grand National, comment peux-tu résumer ces jeunes années ?
C.F : J’ai appris à être compétitive, à gérer un athlète de haut niveau et avoir des objectifs. Mes poneys m’ont toujours donné l’envie de la victoire, de la compétition et celle-ci ne disparaît pas. Aujourd’hui, j’ai envie de faire plus que ce que je ne fais actuellement à cheval. Mais, représenter son pays sur le circuit Poneys à une autre saveur que chez les Enfants et Juniors. À poney, c’est le haut niveau maximal, on ne peut pas aller plus loin.

Camille Favrot et Beaugosse des Vaux - ph. Sylvie Couperie
Camille Favrot et Beaugosse des Vaux – ph. Sylvie Couperie

P.A : Pourquoi avoir fait le choix de te consacrer entièrement au poney de haut niveau sans avoir couru en Enfants ou Juniors ?
C.F : En réalité, je n’ai pas participé au circuit Enfants car mes parents ne sont pas du tout du milieu équestre alors nous avons fait les choses petit à petit en suivant les conseils de mon coach. Lorsque nous nous sommes mis à fond dans la compétition, à 14 ans, il était donc trop tard pour participer à ce circuit Enfants. Puis, je n’ai pas fait les Juniors pour des raisons scolaires. J’ai souhaité intégrer Dauphine à Paris, ce qui a été fait. Mais, pour cela, j’avais ralenti la compétition pour mon dossier scolaire en me laissant une année de réflexion sur mes objectifs. De ce fait, je n’avais pas racheté de cheval même si je montais Rimbaud de la Gastine appartenant à Jean-Luc Vernon. Il était gagnant sur 1,30/35 m, mais 1,40 m, hauteur des Juniors, était sa limite.

Camille Favrot en selle sur Rimbaud de la Gastine - ph. Alice Martel
Camille Favrot en selle sur Rimbaud de la Gastine – ph. Alice Martel

P.A : Aujourd’hui cavalière aux écuries du Grand Veneur et entrainée par Baptiste Couperie Eiffel, quels sont tes objectifs ?
C.F : J’étais à Meudon depuis la sortie de mes années à Shetland, j’avais besoin de goûter à autre chose. Je garde tout de même une excellente relation avec Jean-Luc Vernon, il me suit toujours à cheval car j’ai acheté avec lui Beaugosse des Vaux. Je monte aussi Delice VD Peinwinning Z dans le but de la valoriser puis de la commercialiser. Retrouver la veste bleue en Jeunes Cavaliers est un souhait. Je souhaite être la plus performante possible à cheval, en parallèle faire mes études jusqu’à l’obtention de mon Master puis avoir un métier.

Propos recueillis par Léa Tchilinguirian