Si la jeune fille fait du poney depuis toute petite en Seine-et-Marne, sa carrière en compétition prend un nouveau tournant lorsqu’elle rejoint les écuries MC Sporteam de Marine Colmant. « Vers mes 10 ans, j’ai commencé à faire des stages chez Marine. Au début, c’était juste « comme ça », puis plus tard, je suis venue à tous les stages pour au final m’y rendre toute l’année, d’abord avec Vespa Mad [ayant déjà fait les Grands Prix avec Lou Guernier notamment, et maintenant sous la selle de sa petite sœur Manon en As Poney 2, ndlr]. J’ai fait de la Poney 1 / Poney Elite. J’ai commencé il y a un peu plus d’un an à monter Coccinelle de la Rive, d’abord en Poney Elite. En février, j’ai eu Fievel de Rimatou, même si ce n’était pas prévu. Le poney n’avait jamais fait de complet, il sortait en CSO en Poney 3 / Poney 2. On ne pensait pas du tout que nous allions nous entendre si bien : on a commencé à faire des Poney Elite et nous sommes vite passés en As Poney 2 ».
Qualifiées pour les championnats de France 2023 en As Poney 1, l’événement va marquer le tournant de l’année d’Allister et Coccinelle. « J’ai terminé sixième avec un dressage pas très bien noté, mais je suis ensuite remontée de trente places ; finalement nous sommes au carré et on est sélectionnées pour aller à Ströhen en octobre faire le CCIP2*. On a beaucoup travaillé de septembre à octobre, après avoir laissé une pause à la ponette. Nous n’avions pas trop d’attentes, le but était juste de prendre de l’expérience, on voulait que tout se passe bien, faire sans-faute, bien dérouler… ».
Cet international, le premier pour la jeune amazone, l’a bien évidemment marqué. « On a très bien dressé : je pense que c’est ma meilleure reprise à ce jour ! On sort en 65.91%, j’étais contente. Je n’avais jamais dressé avec elle sur l’herbe, mais elle s’est très bien comportée ; on est alors en milieu de classement. Après, je fais sans-faute au cross avec du temps, mais encore une fois, le but était juste de faire sans-faute et de découvrir le haut niveau. Je n’ai pas très bien monté mon CSO, Coccinelle m’a un peu sauvée partout, mais on réalise un sans-faute. Du coup, on termine neuvièmes, soit la deuxième performance française. En un an, je suis passée de Poney Elite au niveau international avec une sélection en équipe de France. Quand j’y repense, c’est un peu surréaliste ! ». Comme pour Cylia Gonzalez, l’ambiance entre français reste également un très bon souvenir pour la jeune cavalière. « C’était une expérience incroyable. Tous les Français étaient soudés, on était tous ensemble comme une vraie équipe ».
Dans cette ascension « éclair », Allister est bien consciente de la chance d’avoir une ponette d’expérience comme Coccinelle, qui a déjà concouru à ce niveau avec Carole Cidji Chaghouri Koning. « C’est une ponette qui est prête à tout, elle ne se pose jamais de question, elle va toujours essayer de nous sauver. Elle a un grand cœur, parfois trop grand (rires). C’est une jument qualiteuse à la base, mais elle est aussi très proche de l’homme. C’était plus simple d’accéder au haut niveau avec Coccinelle car elle a déjà tourné sur ces épreuves. Elle est très à l’aise, c’est une ponette parfaite pour apprendre ».
En plus de l’expérience de la ponette, la jeune cavalière met l’accent sur la complémentarité pour expliquer son arrivée rapide au plus haut niveau. Complémentarité au niveau des poneys qu’elle monte tout d’abord. « Les deux poneys sont très différents et sont donc complémentaires. Ce sont un peu les opposés. Coccinelle ne se pose pas de question et Fievel est plus sur la retenue même s’il le fait quand même. Il a beaucoup de potentiel, mais il ne sait pas encore l’exploiter et je n’arrive pas encore à le mettre suffisamment dedans. Il a beaucoup progressé sur les trois disciplines. Pour l’instant, on va continuer en As Poney 2 pour qu’il se « routine », qu’il ait confiance et ensuite on verra pour passer dans la catégorie supérieure ».
Complémentarité pour le coaching également, entre Marine Colmant à la maison et les regards extérieurs, apportés notamment à l’occasion des stages fédéraux. « C’est ma coach, mais en même temps c’est plus que ça, parce que j’ai toujours envie qu’elle soit fière de moi », témoigne-t-elle. A l’occasion du stage organisé à Saumur pour les couples sélectionnés à Ströhen, « c’était la première fois que je montais vraiment avec Michel Asseray, il n’avait que des bons conseils, que ce soit sur le plat ou sur le cross, c’était très intéressant d’avoir son point de vue. En parallèle, j’ai monté Fievel. Les sélectionneurs venaient m’aider sur les choses que je pouvais améliorer avec lui, mais aussi avec Coccinelle. C’est hyper intéressant de voir le point de vue des autres, ça permet de progresser encore plus rapidement. Par rapport au stage fédéral que nous avons fait en octobre, on a vu plein de nouvelles choses, et ça m’a fait beaucoup progresser, sur les barres surtout ».
Pour la pause hivernale, le plan est bien établi pour la paire Allister et Coccinelle. « Il y a toujours des points à retravailler, comme la précision. Le galop est toujours quelque chose qui nous fait un peu défaut. Le trot est l’allure la plus au point, maintenant il faut bien monter le galop pour que ce soit joli à regarder. On travaille aussi beaucoup l’obstacle, avec les deux poneys. Je ne monte pas assez mes obstacles, les sélectionneurs m’ont fait la remarque et c’est pour ça qu’on travaille dessus, même si c’est déjà beaucoup mieux qu’avant ».
Après ce travail hivernal, le couple devrait officiellement aborder les Grands Prix à l’occasion de la Tournée des As de Cornillon-Confoux, et essayer ensuite de renouveler l’expérience des concours internationaux.
Propos recueillis par Marine Delie
