Morgane Ferchaud : discrète, mais toujours au classement !

Poney As avait rencontré Morgane Ferchaud à la fin de l’année 2023 et publié son entretien dans l’édition 2024 du Catalogue des étalons. Si la cavalière, maintes fois classée, n’avait encore jamais triomphé dans une finale du cycle classique Poney, elle a brillamment franchi ce cap en 2025. L’occasion était donc idéale de lui adresser un clin d’œil en rééditant cette interview.
Morgane, quel a été votre parcours équestre ?
Je suis cavalière depuis toute petite, ma mère est d’ailleurs monitrice dans un centre équestre (à Saint-Seurin-sur-l’Isle, où est enterré un certain Jappeloup, pour la petite anecdote, ndlr). Jusqu’à mes 12 ans, j’ai monté des poneys Shetland, puis une ponette C. Je n’ai jamais eu de poney à moi pour sauter de grosses épreuves. J’ai rencontré Éloïse Chapel lorsque j’avais 12 ou 13 ans, elle connaissait mon père (cavalier amateur qui est sorti jusqu’en épreuves à 1,30 m). À l’époque, elle n’avait pas de cavalier et montait elle-même ses poneys, souvent des Connemara irlandais importés. J’ai donc monté un petit peu pour Éloïse, elle m’a fait progresser, et grâce à elle j’ai eu de plus en plus de bons poneys. Elle m’a fait confiance alors que j’étais très jeune, on a pu faire de beaux concours ensemble, de grosses TDA, et j’ai pu évoluer en Grand Prix. À côté de cela, j’ai poursuivi ma scolarité de manière normale, au collège et lycée. J’ai fait un BTS Management des unités commerciales en tant que sportif de haut niveau. J’avais cours le matin et avais un peu plus de temps pour monter. Après mon BTS, je ne voulais pas travailler dans le commerce, mais continuer ce que j’aimais faire : être cavalière. Alors, Éloïse m’a embauchée, il y a environ trois ans ! Depuis toutes ces années, nous avons gardé une très bonne relation.

Émergent de votre piquet des poneys de plus en plus qualiteux. Comment fonctionne votre structure ?
Oui, c’est vrai. On sait dénicher les bons poneys au bon moment [rire]. Nous travaillons avec l’élevage de Méla, Anaïs Adde est une copine d’Éloïse. Les poneys « de Méla » que je monte leur appartiennent à 50/50. Anaïs fait naître des poneys de qualité, et, de mon côté, cela me fait plaisir de mettre en avant son élevage. Toutefois, Éloïse achète essentiellement ses poneys seule ou avec Romain Barussaud, son associé. Ce sont généralement des jeunes poneys de 4 et 5 ans. Ils essaient de trouver les perles rares. L’objectif est de les valoriser pour les revendre ensuite. Pour ceux qui ont de la qualité, nous essayons de les garder pour les vendre après la finale des 7 ans. Les poneys qui sont faciles pour les enfants, si nous avons l’occasion de les vendre avant nous le faisons. Éloïse fait un peu d’élevage, mais de manière anecdotique. Finalement, je pense qu’il est plus facile de les acheter que de les faire naître [rire].
Combien de poneys travaillez-vous au quotidien ?
Nous avons une quarantaine de poneys sur place, en comptant les poneys de propriétaires (une quinzaine). Entre les jeunes et les poneys de commerce, j’en ai une vingtaine à monter. Je suis épaulée par deux apprentis. Je peux en monter une dizaine par jour, quand j’arrive à bien avancer comme je veux.
À ce propos, quelle est votre journée type de travail, lorsqu’il n’y a pas d’imprévu ?
J’habite à 20 minutes des écuries. Je commence à 8 h 30 et me mets à cheval vers 9 h 30. J’en monte quatre le matin et souvent cinq l’après-midi. Je suis bosseuse et rigoureuse. Je travaille beaucoup sur le plat et ne saute quasiment jamais toute seule. On m’a toujours appris, depuis toute petite, que la base était le dressage.
Vous qui avez monté beaucoup de poneys, y en a-t-il qui vous ont marquée plus que d’autres ?
Oui ! Galant de la Tour (par Bamby de la Tour), par exemple, est un peu mon poney de cœur. J’ai fait les 4, 5 et 6 ans, puis la finale des 7 ans (classée 8e, ndlr). On y a toujours cru, mais il est vrai qu’il a mis un peu de temps à s’exprimer en piste. Dernièrement, il a vraiment montré son potentiel, et au Sologn’Pony (de 2023, ndlr) il a sauté comme une star ! C’est ce que j’aime dans ce métier : débuter les poneys à 4 ans, les voir évoluer et, le Graal, de bien figurer sur la finale des 7 ans. Cela montre que le travail a été bien fait et a servi, et qu’on a bien fait d’y croire. C’est une belle satisfaction ! J’ai aussi monté Fergus de Méla (par Linaro), un poney qui avait beaucoup de force. À 5 et 6 ans, il faisait encore quelques fautes, mais à 7 ans il s’est vraiment exprimé (classé 6e de la finale, ndlr). On nous l’a demandé plusieurs fois en sortie de piste !
Dans les pedigrees des poneys, y-a-t-il un père que vous aimez particulièrement ?
On a un peu de tout aux écuries ! Je ne m’arrête pas vraiment sur une origine en particulier. Cependant, j’aime bien les Kantje’s Ronaldo ! Je n’ai eu que des femelles et en ce moment j’en ai deux au travail, âgées de 5 et 6 ans. Elles ont du sang, parfois elles sont même un peu trop chaudes, mais je les ai toujours bien aimées. À la fin de mes années poneys, j’ai eu Valmy de Treille : c’est une des premières Ronaldo que j’ai montées, elle était extraordinaire (elle figurera plus tard dans l’équipe de Grande-Bretagne alignée aux championnats d’Europe de Kaposvár, en 2017, avant d’être vendue au Danemark, ndlr). J’étais restée sur ce sentiment-là, et à chaque fois que j’en ai eu d’autres au travail, cette impression s’est confirmée.
Comment trouvez-vous l’évolution du cycle classique des poneys de CSO et quel est votre regard sur la finale de Fontainebleau ?
Le circuit se professionnalise vraiment, je pense. Mais plus globalement, il faudrait encore le faire évoluer. Par exemple, chez nous, en Aquitaine, il n’y a quasiment pas d’épreuves SHF pour les jeunes poneys. Il n’y en a que trois, au centre équestre où travaille ma maman ! Par rapport aux autres régions, c’est compliqué de se qualifier, nous sommes obligés de faire beaucoup de route. Le Sologn’Pony 2023 à Fontainebleau était top ! Nous avions de vraies finales, les pistes et les tours étaient très bien. Concernant le site et l’organisation, il n’y avait rien à redire.

Vous qui êtes plongée dans le commerce des jeunes poneys, comment se porte le marché ?
En ce moment, en période d’hiver, c’est calme, c’est la trêve. Les poneys de 7 ans se vendent plutôt en septembre / octobre, après les finales, pour la saison à venir. La machine se remet en route pendant la période de concours. Et plus globalement, sur cette saison 2023, j’ai trouvé que le commerce avait été plus calme. Les poneys sont de plus en plus chers aussi, nous-mêmes les achetons à des prix plus élevés. Les poneys « bas marché » n’existent plus.
Comment voyez-vous votre avenir professionnel ? Avez-vous pensé à vous installer plus tard à votre compte, par exemple ?
Pour l’instant, j’adore ce que je fais, cela me convient parfaitement. Je ne pense pas m’installer toute seule, je n’ai pas assez de bagout [rire]. Je suis bien entourée, Éloïse et Romain ont des projets, notamment d’élargir, petit à petit, les piquets de poneys. Nous essayons aussi de mettre Paul (le fils de Romain, en équipe de France Poneys, ndlr) sur les jeunes poneys. Il bosse pour venir m’épauler. Ce qui est très plaisant, c’est ce travail en équipe. Avec Éloïse, j’ai vraiment une relation de confiance. Nous savons que nous pouvons compter l’une sur l’autre.
Évoluez-vous aussi à cheval ?
Avec ma jument, je me suis classée jusqu’en 1,35 m, mais je l’ai vendue il y a deux ans. Tourner à la fois sur le circuit TDA pour les 7 ans ou les E Élite, celui de la SHF et des chevaux est compliqué ! Il fallait faire un choix et le mien a été de continuer avec les poneys. Le fait de les former quand ils sont jeunes, d’essayer d’avoir un parcours avec eux me plaît beaucoup. J’essaie d’ailleurs d’avoir un regard sur eux après leur vente, même si parfois je les perds un peu de vue.
Qu’est-ce que l’on peut vous souhaitez pour cette saison 2024 ?
L’année dernière, j’ai eu plein de classements au Sologn’Pony, mais pas de victoire… Cette année, j’aimerais bien gagner une finale quand même [rire]. On espère toujours mieux ! Sur les neuf poneys montés à Fontainebleau, huit se sont classés, mais je n’ai eu qu’un seul podium. Je suis souvent 5e, 6e, 7e… Un jour, j’aimerais bien ramener la coupe !