L’Elevage de Civry de Geneviève Tréheux : « les références sportives avant tout »

Des gagnants en Grand Prix, des champions suprêmes, dix-sept étalons approuvés : depuis les années 80, Geneviève Tréheux élève en Normandie, sous l’affixe de Civry, des poneys New Forest performants.
Entretien.

Depuis les années 80, Geneviève Tréheux, éleveuse de poneys New Forest en Normandie sous l’affixe de Civry, a fait naître dix-sept étalons, des champions suprêmes et une multitude de poneys de sport dont certains ont atteint le niveau Grand Prix. Madame Tréheux est âgée de 76 ans et a compté jusqu’à soixante-dix poneys chez elle. Si aujourd’hui son cheptel est bien réduit, elle a le plaisir de voir encore naître chaque année quelques poulains.
Vraie passionnée, les ascendants et descendants ou liens de parenté lui viennent immédiatement à l’esprit à l’évocation de ses juments et poulains, sans oublier les performances sportives. Car le sport, c’est son leitmotiv et à ce titre, « la race New Forest vaut bien toutes les autres races : nous pouvons également produire des poneys de sport de haut niveau », confie-t-elle.

Poney As : quels ont été vos premiers contacts avec les poneys et chevaux ou plus globalement, quel a été l’élément déclencheur de votre élevage ?
Geneviève Tréheux : vous savez, étant gamine, mes parents avaient un cheval de labour… J’ai d’abord élevé des poneys Shetland : mes parents avaient acheté un entier pour les enfants et nous avons cherché une ponette pour faire un poulain. C’est comme ça que tout a débuté, dans les années 70… Et puis il y a eu les poneys New Forest !

Où est situé votre élevage ?
Mon élevage est en Normandie, à trois kilomètres de Lisieux. J’étais agricultrice et le suis toujours (rire). Au départ, je cultivais des céréales dans une ferme basée dans les Yvelines. Mon fils Pascal a repris la ferme, et j’ai fait un temps la navette entre les Yvelines et la Normandie. J’ai ensuite acheté des prés en Normandie. Ils n’étaient pas d’un seul tenant, il y avait plusieurs parcelles. Cela avait des inconvénients mais aussi des avantages ; ils étaient bien utiles par exemple pour séparer les mâles des femelles.

Etiez-vous cavalière ?
Ah non pas du tout ! Ce sont les poulains qui m’intéressent (rire). En revanche, ma petite-fille Victoire fait du saut d’obstacles avec une jument qui est née à la maison. Elle s’appelle Anaïs de Civry et a un IPO de 145. C’est une fille de Rambo SL et sa mère est la propre sœur de l’étalon Kinesitepas (un fils d’Uhlan des Etangs classé Elite en CCJP de CSO à 5 ans, puis 5e du Master des 6 ans de Fontainebleau à l’époque, ndlr).

Venons-en au sujet principal, les poneys New Forest. Comment les avez-vous découverts ? Quand avez-vous débuté votre élevage de Civry et avec quelles poulinières ?
Je suis tombée amoureuse du poney New Forest en lisant un article, il était écrit que cette race était polyvalente et gentille pour les enfants, c’est pourquoi j’ai voulu en produire. Dès les premières naissances, mes poulains ont porté l’affixe de Civry. J’ai acheté ma première jument, Jonquille de Tyv (Merrie Musket x Silverlea Sea Breeze), lorsque sa pouliche – Pearl de Malbec, qui était très belle – avait 6 mois. C’était en 1981 : l’année des P. Pearl est la mère de Jessica des Etangs qui fut championne suprême. Lorsque j’ai présenté Jonquille au Haras des Bréviaires, le directeur du Haras m’a dit « Madame, vous feriez mieux d’élever des lapins ! ». Il ne la trouvait pas belle. Moi, je la trouvais élégante, elle ressemblait à une petite jument de selle, elle n’avait pas grand-chose du New Forest, mais c’était quand même la grand-mère d’une championne suprême ! Voilà mes débuts avec la race New Forest. Deux autres juments de Jean Lassoux ont rejoint mon élevage : Curieuse (par Luckington Leader) et Floralie de Tyv (par Hillary), toutes deux par la bonne Silverlea Lavender Lady qui a très bien produit et qui fut championne suprême. Il me semble que j’avais demandé à Jean Mellet (fondateur de l’élevage des Rouets, ancien secrétaire de l’AFPNF) chez qui je pouvais trouver de bonnes poulinières New Forest et il m’a indiqué Jean Lassoux. Je voulais n’en ramener qu’une, mais c’était « les deux ou rien », alors j’ai pris les deux et je n’ai jamais regretté ! L’une avait 15 ans et l’autre 18 ans. Floralie avait donné naissance à une championne suprême qui s’appelait Olivette de Tyv (Pfs, par Alricho). Elle produisait bien toutes les deux, mais il est vrai que Curieuse n’était pas très jolie et avait un œil crevé. Curieuse a produit jusqu’à l’âge de 27 ans. Floralie a vécu jusqu’à 32 ans. J’ai aussi acheté une autre vielle jument de 18 ans : Flicka du Galion (Oakley Poseidon x Ashley Matador). Chez moi, elle a produit l’étalon Drac de Civry (acheté par les HN) et une championne suprême, Cataline de Civry, tous deux par Perac des Etangs. J’ai aussi fait l’acquisition d’une fille de Foulford Jedda of Rockfor, la mère de Fée, mais elle n’a pas beaucoup produit. J’ai surtout réussi avec mes vieilles juments du départ. Mon premier étalon acheté chez Madame de Bonnafos (fondatrice de l’élevage des Etangs, ndlr) est né en 1981 : il s’appelait Perac des Etangs et avait 4 ans.

Fée (par Cheriton Rett Butler), née chez Claude Guerlain (article à retrouver ici), voilà une poulinière qui a marqué de son empreinte la race New Forest et le sport. Vous pouvez nous en parler ?
Je suis allée voir Fée chez Monsieur Ribard, mais ça remonte loin, cela devait être au début des années 80 ! Elle n’a jamais été battue, c’était une jument magnifique ! Comme je vous l’ai dit, j’ai acheté l’une de ses demi-sœurs. J’ai bien suivi la production de Fée. Elle avait eu une fille, nommée Quouette : avec du recul, j’aurai bien aimé avoir l’un de ses produits. Fée a également produit un grand gagnant en Grand Prix de CSO : Tabou IV (lui aussi par Cheriton Mr.Fluff IV. Quinze des dix-sept produits de Fée ont ce père, ndlr).

Nous évoquons ensemble les poneys New Forest, mais vous avez aussi fait naître des Poneys Français de Selle ?
J’ai eu quelques PFS, mais très peu finalement. Quand j’ai acheté Curieuse et Floralie de Tyv, elles étaient suitées d’une pouliche Poney Français de Selle par l’étalon Arabe Alricho. Je les ai gardées, elles étaient vraiment très jolies. Floralie m’a fait un mâle PFS avec un étalon qui me plaisait bien, Rumel El Masan. Il s’agissait de Beril de Civry (IPO 149). Mais, par la suite, je n’ai pratiquement gardé que des poneys New Forest.

Combien aviez-vous de poneys à l’élevage de Civry ?
J’ai eu jusqu’à soixante-dix poneys New Forest à la maison, mais je n’ai pas vraiment compté ! J’avais entre dix et quinze poulinières. Je gardais automatiquement à l’élevage les juments issues d’un poney de Grand Prix et je les croisais avec un autre étalon de Grand Prix… Je gardais à chaque fois les pouliches.

Aviez-vous des étalons New Forest « maison » à l’époque ?
Oui, j’ai utilisé mes étalons sur mes premières juments. J’ai donc acheté Perac des Etangs (Jolly des Ifs x Mudeford Spark). Il sautait très bien à l’époque. Il est le père d’Ivoire de Civry (par Floralie de Tyv), un étalon appartenant à Sylvie Bonnan. Ce dernier a été champion de France dans sa catégorie (en B2 de CSO, mais également 8e du championnat de France en C2, champion régional B1, IPO 155, ndlr). Il sautait très bien aussi et transmet son aptitude. Madame Bonnan l’a bien valorisé. Son élevage du Gévaudan produit par ailleurs de très bons poneys. Beril, son frère utérin, sautait bien également. Floralie avait un bon coup de saut. Perac a été revendu aux Haras Nationaux puis il est parti à l’île de la Réunion.
Je me rappelle avoir été cherché Kaolin de Tyv car j’aimais bien la robe palomino, c’était un fils de Floralie lui aussi (et de l’étalon Goast, ndlr). Je l’ai croisé avec Curieuse (sa mère Floralie de Tyv est une sœur utérine de Curieuse. Nous verrons plus bas que Madame Tréheux affectionne tout particulièrement l’inbreeding, ndlr) et j’ai eu Cytise de Civry la mère des étalons Moonroe de Civry (IPO 137) et Quetzal de Civry, tous deux par l’étalon Shining Starr Aristo (4e en individuel et en bronze par équipes à Pratoni del Vivaro en 1990, ndlr).
Après, j’ai acheté Glen de l’Aumont (par Willoway Good As Gold et Silverlea Martine par Silverlea Flash Harry). C’est notamment le père d’Atoll de Civry, approuvé étalon et gagnant en Grand Prix. J’avais de la semence de Glen stockée dans une cuve mais elle a percé et j’ai tout perdu. Je me servirais encore de cet étalon si j’avais de la semence, je l’aime beaucoup !
J’ai eu Mikel (étalon néerlandais, par Wicked Courtjester x Anydale Nico) aussi. Lorsque j’ai décidé de réduire fortement mon élevage, il est parti avec un marchand qui m’a acheté beaucoup de poneys. J’ai aussi eu Marnehoeve’s Everest (autre étalon néerlandais, par Anydale Nico x Monday’s Moscan) qui avait été deux fois champion de Hollande, mais ses produits ne me plaisaient pas vraiment, donc je l’ai revendu. Il était sport, il produisait de jolis poneys avec du modèle, mais ce n’était pas le type de poneys de sport que je recherchais.
Lorsque les étalons New Forest performers internationaux ont été proposés en France, je n’ai plus utilisé mes étalons « maison ». J’allais toujours en chercher d’autres ! Je me suis beaucoup promenée, j’ai amené des juments à la saillie un peu partout : en Belgique pour Shining Starr Aristo, aux Pays-Bas pour Justice H.R (un fils de Kantje’s Ronaldo)…

Combien avez-vous fait naître d’étalons depuis vos débuts ?
Dix-sept. Les Poneys Français de Selle Djinn, Beril et Flore ainsi que les poneys New Forest Jullian, Sminos, Cartouche, deux Perac des Etangs (Drac et Ivoire), deux Glen de l’Aumont (Lookeed et Atoll), trois Shining Starr Aristo (Moonroe, Quetzal et Shining) et quatre Kantje’s Ronaldo (Ornaldo, Pegase, Peterpan et Quorigan). Je me suis beaucoup servie de Kantje’s Ronaldo et Shining Star Aristo, puis de Rambo.

Quel étalon vous a époustouflé ?
C’est Kantje’s Ronaldo. Lorsqu’il se déplaçait, c’était une merveille ! Je l’ai vu au Salon du Cheval de Paris et lorsque j’ai amené mes juments à la saillie. Watershof Pretendent, son père, a été stationné une saison chez Madame Bonnan. Elle m’avait envoyé un dvd, il était splendide et avait des allures magnifiques. Ma poulinière Orkidée de Civry est par Ronaldo. Elle a 20 ans, mais elle se déplace très bien. Elle a une pouliche par Atoll de Civry qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau !

En tant que passionnée de poneys New Forest, vous êtes-vous rendue dans la forêt au Royaume-Uni ?
Oui, je suis allée dans le New Forest lors d’un voyage organisé par l’association. Nous avions assisté à un concours d’élevage et nous avions repris le bateau le soir. C’était avant les années 90 je crois. C’était bien, les présentations des poneys étaient jolies.

Avec le recul que vous pouvez avoir, quel regard portez-vous sur l’évolution du poney New Forest ?
J’ai vu l’évolution du poney New Forest au fil des années. Les étalons néerlandais sont arrivés en France : ils ont donné du chic et beaucoup de prestance. Ils ont une certaine distinction. Je fabrique des poneys de sport, mais j’ai toujours voulu avoir des poneys primés au modèle comme l’a été la championne suprême Jessica des Etangs à qui j’ai adressé des étalons de Grand Prix. J’essaie de concilier le modèle et le sport. Rambo a bien réussi en Allemagne, Ronaldo a été champion de Hollande, ils avaient un sacré beau modèle ! Les produits de Ronaldo ont brillé en concours d’élevage également.

Le sport vous tient particulièrement à cœur. Ces vingt dernières années, on voit à travers les pedigrees de vos poneys des noms d’étalons performers en Grand Prix et championnats d’Europe. D’où vient cet attrait pour le sport ?
Comme je vous le disais, j’ai toujours essayé de produire des poneys avec un beau modèle. Et lorsque le Syndicat Linaro s’est créé, avec l’arrivée de l’étalon vedette Shining Star Aristo, j’ai voulu me lancer dans la production de poneys de sport. Avant cela, il n’y avait pas d’étalon New Forest classé en internationaux ou un de temps en temps… Pourquoi le sport ? Car il faut produire ce qui se vend, coller au marché, et ce sont les poneys de sport qui se vendent. Petit à petit, j’ai essayé d’accumuler les poneys de Grand Prix dans mes pedigrees ou des origines qui ont fait leurs preuves à ce niveau pour produire de bons poneys de sport. On m’a plusieurs fois reproché de ne pas faire du Poney Français de Selle, je réponds « non, la race New Forest peut aussi bien que les autres produire des poneys de Grand Prix si la sélection est bonne ! ». Les poneys de Grand Prix, on peut les fabriquer en sélectionnant les souches. La race New Forest vaut bien toutes les autres races. C’est dans ce but là que j’ai sélectionné des étalons performers à haut niveau pour mes juments. Une année, j’ai fait naître deux poneys de Grand Prix : Atoll (par Glen de l’Aumont) et Aster (par Rambo SL). La mère d’Atoll, Quadrille de Civry, est une fille de Shining Starr Aristo. La mère de Quadrille est Jessica des Etangs qui a été championne suprême. On peut fabriquer d’excellents poneys New Forest en sélectionnant des origines sportives et en faisant de l’inbreeding également.

Quels sont vos produits ou exemples issus d’inbreeding ?
J’ai eu Cytise de Civry (inbreed sur Silverlea Lavender Lady). C’était une jument qui produisait bien, elle m’avait fait un très beau poulain palomino que j’ai malheureusement perdu. L’association n’acceptait pas cette robe, pourtant c’était commercial… (*). Willoway Good As Gold, le père de Glen de l’Aumont, est un fils de Willoway Piper’s Gold, par Peveril Peter Piper, et ce dernier est le père de sa mère. C’est le même cas pour l’étalon belge de Monsieur Decamps, Furzley Fox Trot (inbreed sur Luckington Sportaide), champion des 6 ans en France.
(*) : La robe palomino est acceptée pour les femelles et les hongres, et depuis 2020 pour les étalons approuvés.

Vous évoquez la robe palomino, mais le cas de l’étalon Furzey Lodge Golden Wonder (*) a aussi peut-être fait du tort au stud-book New Forest. Qu’en pensez-vous ?
Oui c’est une drôle d’histoire ! J’ai eu une fille de Shining Starr Aristo (étalon qui a pour père de mère Furzey Lodge Golden Wonder, ndlr), elle est pure New Forest, mais elle est inscrite PFS à cause de cette affaire. Pour moi, c’est un peu de la jalousie de la part des anglais vis-à-vis des néerlandais. A mon avis, dans la forêt, il y a peut-être eu des étalons qui se promenaient et qui n’étaient pas New Forest (rire) (**).
En tant qu’éleveuse de poneys New Forest de sport, j’ai d’ailleurs déploré d’autres anomalies… J’avais adressé une jument à Axkeen Djordy (New Forest néerlandais qui a tourné en France jusqu’en Grand Prix dans les années 90, ndlr), agréé étalon dans son stud-book d’origine avant d’être retiré. En France, l’association ne l’a pas non plus accepté malgré son palmarès sportif. La pouliche d’Axkeen Djordy a elle-même eu une pouliche de Ronaldo. La Ronaldo a eu une pouliche qui, elle, a été saillie par Rambo. Et ce produit tourne en Grand Prix. Il s’appelle Acrobate des Isles, c’est un pur New Forest, mais il est inscrit PFS et ce n’est pas normal. J’ai vendu ma jument (il s’agit de Naiade de Civry, par Axkeen Djordy donc, inscrite au stud-book PFS) car l’association n’a pas voulu qu’elle soit New Forest en raison d’Axkeen Djordy. A cette époque, j’avais vraiment l’impression que les poneys New Forest de haut niveau étaient écartés, pourtant, il n’y en avait pas beaucoup.
(*) : L’histoire remonte au début des années 1970. Le conseil de la New Forest Pony Breeding and Cattle Society était convaincu que l’étalon importé aux Pays-Bas sous le nom de Furzey Lodge Golden Wonder n’était pas le poney inscrit au stud-book britannique. Il n’a donc pas été reconnu en Angleterre (avec décision de refuser d’inscrire ses descendants au livre généalogique du poney New Forest). Au regard de l’unification européenne en 1992, le stud-book néerlandais a dû se conformer aux règles du stud-book « mère » anglais. Bien qu’il n’ait sailli que quelques saisons, sa production néerlandaise était très conséquente et marquée par des fils étalons et poulinières de renom (le stud-book néerlandais a indiqué qu’environ 80% des poneys New Forest enregistrés aux Pays-Bas portaient le sang de Golden Wonder). Un compromis a alors été trouvé : pour que les produits soient enregistrés New Forest, le sang de Golden Wonder ne devait pas dépasser 6,25%…
(**) : À partir des années 1930, il a été décidé que seuls les étalons de race pure, enregistrés et approuvés, pouvaient être utilisés dans la forêt pour reproduire avec les juments. 

Le poney New Forest néerlandais semble particulièrement vous plaire… Pourquoi ?
Oui, mais ce n’est pas parce qu’ils sont néerlandais, c’est parce qu’ils ont des résultats en compétition et à haut niveau ! C’est uniquement pour cela que je les ai choisis. En Angleterre, on ne trouve pas de poneys New Forest de Grand Prix, ou très très peu. Ils sont sélectionnés sur leurs modèles, mais nous ne connaissons pas leurs résultats sportifs.

Quelle est votre meilleure poulinière actuelle ?
Orkidée de Civry (par Kantje’s Ronaldo). J’avais oublié de déclarer sa naissance. A 3 ans, lorsque j’ai voulu la débourrer, j’ai cherché le livret et ne l’ai jamais trouvé… J’ai demandé aux Haras Nationaux s’ils pouvaient rattraper cela en payant évidemment le coût du rattrapage, j’ai attendu pendant un an et ils m’ont finalement dit que ce n’était pas possible. Alors je suis allée aux Pays-Bas la déclarer. Eric van de Rakt, l’éleveur et propriétaire de Ronaldo, a fait le test ADN et j’ai eu un livret néerlandais qui a ensuite été validé en France. Orkidée a eu une fille de Wayland Red Pepper (nommée Daphné de Civry) qui est pleine d’Emmickhoven’s Diego SL (qualifié pour la finale individuelle des championnats d’Europe 2014, ndlr). Le produit aura un inbreeding sur Ronaldo. Orkidée a été deux fois championne des poulinières facteurs de PFS au Sologn’Pony. Je l’ai prêtée à Madame Delajarraud qui est vétérinaire dans la Manche. Chez elle, elle a notamment produit deux poulains avec l’étalon New Forest Fétiche de Fegrol et le PFS Houla Hop de Brenus (par Welcome Sympatico SL, Han), approuvé étalon PFS en 2020, champion de France des foals mâles et champion suprême. Il saute très bien.

Qu’en est-il pour vous du National New Forest ?
Le fait de retourner au National m’a fait rajeunir de quelques années même si j’y suis allée en spectatrice il y a 2 ans il me semble. Ça m’a rappelé de bons souvenirs. Je n’avais quasiment jamais présenté de femelles au National, j’ai toujours privilégié les candidats étalons, pratiquement tous les ans. Cette année, j’ai amené Tara de Civry (gagnante de la classe des poulinières) suitée de Magical de Civry (par Lovelyhill Magical Height, classé en Grand Prix de CSO), gagnant de la classe des foals mâles et Orkidée de Civry (3e de la classe des poulinières) suitée de Mélisse de Civry (par Atoll de Civry), 2e de la classe des foals femelles. Tara me plait beaucoup, elle est très belle. C’est une fille de Watershof Pretendent et Jessica des Etangs (par Jolly des Ifs). A mon avis, son poulain de Magical sera approuvé étalon. J’ai aussi eu une pouliche de Magical avec une fille de Rambo. J’aimerai croiser ces deux poulains dans le futur !

Aujourd’hui, avez-vous autant de poneys dans vos près ?
Oh non, j’ai eu soixante-dix poneys, mais j’en ai vendu beaucoup lorsque j’ai pris ma retraite à 70 ans. J’en ai 76 aujourd’hui. Il m’en reste actuellement une petite dizaine.

Cela a dû être difficile pour vous…
Oui ce n’était pas évident. J’en ai gardé quelques-uns dans mes prés, mais les poulains m’ont beaucoup manqué. Alors cette année, j’ai mis trois juments à la reproduction ! C’est pour ma petite-fille…

A quel âge vendez-vous vos poneys ?
Sélectionner est une chose, faire naître en est une autre, mais trouver des cavaliers ce n’est pas évident ! Je les vendais à qui je pouvais… Je n’ai jamais gagné d’argent avec mon élevage et je peux vous dire qu’il m’a couté cher. Mais c’était une passion ! Je gardais les bonnes pouliches, celles qui avaient des aptitudes pour l’obstacle. Les autres, en général, partaient au débourrage et étaient vendus après 4 ans. J’ai notamment travaillé avec le Poney-Club du Genetey.

Quels élevages français de poneys New Forest vous auront marqué ?
Celui d’Olivier Despierres (« de l’Ocq »), Chantal Duflot (« du Faÿ), Marc Bernardin (« de l’Aumont » avec les poulinières Silverlea Martine et Soon des Etangs)… Je connaissais très bien l’élevage des Etangs de Madame de Bonnafos. J’étais sa voisine, nous étions à sept ou huit kilomètres l’une de l’autre, j’allais la voir souvent. Elle a eu de très bons poneys et son étalon Jolly des Ifs produisait bien.

Comment voyez-vous l’avenir du poney New Forest ?
Je pense que ça s’est bien amélioré, la nouvelle équipe est plus dynamique. De manière générale, en France, il y a beaucoup de progrès dans les élevages. Des étalons New Forest renommés pour le sport à l’instar de Rambo, Emmickhoven’s Diego, Anydale Ron et Kantje’s Ronaldo sont utilisés… Il n’y a pas beaucoup de naissances, mais ça devrait reprendre s’il y a de bons produits. Le choix des reproducteurs est important et si on choisit l’étalon du coin pour saillir sa jument, cela ne fonctionne pas. Les étalons se sélectionnent et il faut parfois faire beaucoup de kilomètres pour les trouver.

Quel est l’avenir de l’élevage de Civry ?
Ma fille Christine et ma petite-fille Victoire sont toutes les deux passionnées par les poneys. Ma fille a monté à poney, j’ai même une photo d’elle à l’obstacle avec Perac des Etangs au Salon du Cheval. Victoire reprendra peut-être l’élevage. En tout cas, je suis toujours à la recherche d’étalons qui sautent pour pouvoir faire mes croisements et léguer l’élevage à ma fille ou ma petite-fille.

Copyright / Collection de photos de Madame Tréheux