Retour à la liste d'articles Article du 29/04/2020

Tressy Muhr : « Je n’ai jamais vu un poney avoir autant l’envie de sauter »

Après avoir laissé de belles traces sur le circuit Poney avec un bon nombre d’alliés, l’ancienne tricolore Tressy Muhr revient avec Poney As sur son parcours. Aujourd’hui, la jeune femme file à son rythme vers le haut niveau et ce, sous de nouvelles couleurs…
 
Avec Milford de Grangues, Tressy Muhr a décroché une 8e place ex aequo dans la finale individuelle des championnats d'Europe de Jaskowo en 2011- ph. Poney As
Avec Milford de Grangues, Tressy Muhr a décroché une 8e place ex aequo dans la finale individuelle des championnats d’Europe de Jaskowo en 2011- ph. Poney As
 
P.A : Kalifa de la Barre, Milford de Grangues et Qredo des Islots, ce sont trois noms ayant marqué ta carrière sportive à poney…

Tressy Muhr : Exactement, j’ai monté beaucoup de poneys mais ce sont ces trois-là qui sortent du lot. Kalifa a été mon premier partenaire de Grand Prix et internationaux sur le circuit Poney. Nous avons d’ailleurs été sacrés champions de France des As Excellence en 2010. Mais cette année-là, je faisais le championnat d’Europe Enfants avec mon cheval Lord du Valy. J’avais 12 ans lors de mes premières sélections internationales ; c’est quelque chose d’incroyable : enfin ! Plus jeune, lorsque je voyais les autres, je me disais : « si un jour je peux le faire, ce sera vraiment bien ! ». Le jour où ça arrive, c’est dingue. Nous avons l’impression de rentrer dans la cour des grands, c’est quelque chose de plus professionnel.

Tressy Muhr et Kalifa de la Barre, photo Pauline Bernuchon
2010 – Tressy Muhr et Kalifa de la Barre lors du championnat de France As Excellence qu’ils remportent – ph. Poney As

En 2011, Milford m’a été confié par la famille Skalli : tout est allé très vite à son arrivée puisque Kalifa s’était blessé. J’ai très vite été sélectionnée pour le CSIOP du Bonneau International Poney avec lui. Je me suis lancée et directement nous avons formé un bon couple. Nous nous entendions très bien. Il a sa façon de fonctionner, mais une fois comprise, il va tout donner. Cette même année, nous avons couru les championnats d’Europe en Pologne. Nous faisons malheureusement tomber une barre sur la dernière manche de la finale qui nous prive du barrage. Nous sommes tout de même huitièmes en individuel. L’année suivante, je me sentais plus fatiguée en arrivant à Fontainebleau pour les championnats d’Europe. Nous ne faisons pas de performance mais il a tout de même fait une superbe saison tout en m’emmenant à cette échéance-ci. Avec Qredo, nous avons eu une histoire plus compliquée. Il a rejoint ma selle à ses 6 ans, il était très doué mais avec un caractère assez dur. Dans son année de 7 à 8 ans, il m’a donné beaucoup de fils à retordre. J’ai vraiment dû passer du temps à le dresser sinon en piste, ça n’allait pas. Une fois ce travail acquis, il est devenu incroyable. Il ne fait qu’1,45 m donc à chaque fois qu’il sautait les Grands Prix, je décollais ! Nous avons terminé nos années ensemble à la suite du championnat d’Europe, à Arezzo, en Italie. Il avait tout d’un cheval sauf sa taille, ce qui m’a permis de vraiment évoluer dans mon équitation.

P.A : Si tu ne devais en choisir qu’un, lequel serait-ce ?
T.M :
Je choisirai quand même Kalifa. Avec mon frère Robin Muhr, il nous a tout appris : c’est notre poney de cœur. J’ai rarement vu un poney sauter des Grands Prix avec différents cavaliers mais toujours de la même manière. Je pense que c’était vraiment l’un des meilleurs poneys du circuit. Il a toujours tout donné ! Jusqu’à ses 19 ans, il était en Grand Prix : oui, je n’ai jamais vu un poney avoir autant l’envie de sauter et ce, jusqu’au bout !
 
P.A : Tu as monté beaucoup de poneys venant de l’élevage des Islots, Shah des Islots, Qredo des Islots, Quenotte des Islots, mais aussi des chevaux, par quoi étais-tu séduite chez eux ?
T.M : Nous avons beaucoup travaillé avec Jean-Luc Leboucher, et nous continuons toujours un peu. Au début, son élevage n’était pas encore très connu. Cela nous a permis, pour lui, de faire connaître son élevage et nous d’avoir des poneys et chevaux avec de bonnes origines à mettre en avant tout en les travaillant. Au début, il m’avait contacté pour Qredo et tout s’est fait naturellement.
Tressy Muhr et Qredo des Islots - ph. Pauline Bernuchon
Tressy Muhr et Qredo des Islots aux championnats d’Europe d’Arezzo. 2013 est la dernière saison sur le circuit international de la cavalière – ph. Poney As

P.A : À quel moment as-tu su que tu voulais être cavalière professionnelle ?
T.M :
Mon frère et moi avons fait le CNED. Nous avons toujours été plus branchés équitation qu’école même si je suis allée jusqu’à mon baccalauréat. Ça a toujours été naturel pour moi de monter à cheval. Puis, ayant la chance d’avoir des parents dans le milieu, cela m’a permis de pouvoir en faire mon métier.

P.A : Qu’en est-il de ton passage à cheval ?
T.M : Je n’ai pas beaucoup tourné sur le circuit Juniors car ma jument Zieragonda II était assez compliquée. Mais, nous sommes tout de même vice-championnes de France. Puis, j’ai fait les Jeunes Cavaliers avec Talma d’Elle mais il s’est blessé la veille du championnat d’Europe donc nous n’avons pas pu y prendre le départ. J’ai d’ailleurs toujours ce cheval ! En 2018, j’ai couru les championnats d’Europe Jeunes Cavaliers à Fontainebleau avec Elias pour l’Israël…
 
P.A : Justement, peux-tu nous expliquer ce choix de concourir sous les couleurs israéliennes ?
T.M : Cela faisait un moment qu’on y réfléchissait avec mon frère car la plupart de notre famille est en Israël. C’était également un hommage à notre grand-mère décédée. Sur le plan sportif, nous nous sommes aussi dit que cela nous ouvrirait des portes puisqu’il y a moins de cavaliers israéliens et d’avoir des sélections plus facilement. Mon frère en a d’ailleurs eu pas mal en 5* et j’ai aussi pu avoir accès à des 4* où, sous les couleurs françaises je n’aurai pu rentrer. Dès la première année, j’ai donc pu faire les championnats d’Europe comme dit précédemment. Robin et moi avons participé au CSI U25 Les Talents Hermès en équipe au Grand Palais l’année dernière. Concernant nos coéquipiers israéliens, nous essayons tous d’être en contact pour avoir un esprit d’équipe, même si ce n’est pas pratique car nous sommes tous dispatchés dans le monde. Nous sommes souvent en contact avec notre entraineur Jeroen Dubbeldam, surtout mon frère qui a déjà couru des Coupes des nations. Je m’inspire beaucoup d’Ashlee Bond et Daniel Goldstein Waldman.
Avec Elias, Tressy Muhr a pris le départ de ses quatrièmes championnats d'Europe. C'était en 2018 à Fontainebleau dans la catégorie Jeunes Cavaliers - ph. PSV
Avec Elias, Tressy Muhr a pris le départ de ses quatrièmes championnats d’Europe. C’était en 2018 à Fontainebleau dans la catégorie Jeunes Cavaliers – ph. PSV
P.A : Avec donc un frère cavalier professionnel et un père coach (Eric Muhr), continuez-vous à travailler ensemble au quotidien et en concours ?
T.M : Je suis partie travailler un an au Haras des Grillons, près de Valence auprès du colombien Carlos Lopez. Je suis revenue dans mes écuries basées à Aix-en-Provence depuis décembre. Au quotidien, je travaille beaucoup avec mon père. Robin est plus de son côté. Il est plus indépendant mais nous partageons tout, tout de même !

 

Tressy Muhr évolue depuis quelques temps désormais sous les couleurs israéliennes – ph. coll. privée
Tressy Muhr évolue depuis quelques temps désormais sous les couleurs israéliennes – ph. coll. privée
 
P.A : Que pouvons-nous te souhaiter ?
T.M : Que les concours reprennent ! (rire). Actuellement, je suis dans une période où je prépare de nouveaux et jeunes chevaux, ils vont continuer à progresser. De mon côté, je souhaite évoluer pour atteindre le haut niveau.
 
Propos recueillis par Léa Tchilinguirian
 

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Mag n°11 - Poney As