Retour à la liste d'articles Article du 03/04/2020

Quentin Faucheur : « J’ai vite pris goût à la veste bleue, impossible d’y renoncer »

Cavalier professionnel de Concours Complet, directeur du club-équestre d’Antony (92), coach et étudiant, le tricolore Quentin Faucheur n’a que 23 ans et pourtant une vie déjà bien chargée. Après la veste bleue en équipe de France à poney, Jeunes Cavaliers et en moins de 25 ans lors du championnat du Monde, il n’a qu’un rêve… découvrons-le avec lui !
Cavalier pro et coach, Quentin Faucheur est aussi directeur du club-équestre d'Antony, structure que tenait ses parents - ph. coll. Privée
Cavalier pro et coach, Quentin Faucheur est aussi directeur du club-équestre d’Antony, structure que tenait ses parents – ph. coll. Privée

P.A :  Raconte-nous ton histoire avec Nanouchka de Swan, cette ponette qui t’a permis de concourir pour la France à l’international !
Q.F. :
Nanouchka était montée par une cavalière de mes écuries jusqu’en Ponam D Elite de Concours Complet. Lorsque je l’ai récupéré, je ne l’ai monté qu’une saison puisque c’était ma dernière année internationale à poney. Nous n’avons fait que quatre concours avant d’engager l’As Poney du Domaine de Combelles qui était en octobre. Nous remportons ensuite notre deuxième Grand Prix ensemble. À partir de là, Emmanuel Quittet, le sélectionneur, m’a rajouté dans cette fameuse liste. Alors, j’ai participé à mes premiers stages fédéraux, Tournées des As et internationaux qui ont entraîné notre sélection au championnat d’Europe de Fontainebleau en 2012.

Quentin Faucheur et Nanouchka de Swan - ph. Pauline Bernuchon
Quentin Faucheur et Nanouchka de Swan lors des championnats d’Europe Poneys de Fontainebleau en 2012 – ph. Poney As

P.A :  Finalement, tout s’est rapidement fait ! Comment as-tu vécu cette période ?
Q.F. :
Pour mon père et moi, c’était une grande première ! J’étais très content d’en arriver là puisque ce n’était pas l’objectif premier. Mon père avait déjà emmené des cavaliers en Grand Prix mais jamais en internationaux. Nous nous déplacions avec nos moyens, car ces déplacements-là sont assez couteux. J’ai pu participer au CCI Poneys 1* de Ravenne, en Italie, puis celui de Marbach, en Allemagne. Le championnat d’Europe n’a pas été à la hauteur de nos espérances mais ce fut une très belle expérience ! Je ne m’attendais pas à être en équipe dû à mon peu d’expérience comparé aux autres cavaliers. J’étais d’ailleurs ouvreur donc j’avais de la pression. Ma faiblesse a toujours été le dressage car je n’ai jamais été réellement encadré, mais Nanouchka était très fiable autant sur le cross qu’en saut d’obstacles. Malheureusement, une fois parti sur le cross, j’ai été arrêté car le cavalier précédent avait chuté. Une fois repris, nous avons fait une dérobade qui nous aura chère coûtée par la suite. Mais il y a un souvenir qui me restera en tête et continue encore de me motiver ! Le cross de Fontainebleau est assez particulier puisqu’il y a une partie sur le Grand Parquet, en forêt puis la partie militaire Salamandre. Justement, la sortie de la forêt était noire de monde… toute mon équipe, mes écuries et mes amis étaient présents. Je les entendais : « ALLEZ QUENTIN ! », ça me mettait des frissons ! Par la suite, ça m’a motivé à vouloir retrouver l’équipe de France.

10e : Quentin Faucheur et Nanouchka de Swan - ph. Pauline Bernuchon
Quentin et Nanouchka – ph. Poney As

 P.A :  Justement, comment s’est réalisé ton passage à cheval ?
Q.F. :
Je n’avais pas du tout anticipé le fait d’avoir un cheval pour aller courir les Juniors. À l’origine, je voulais faire de belles épreuves avec de propres parcours sans forcément aller en équipe de France. Mais, j’ai vite pris goût à la veste bleue, impossible d’y renoncer. J’ai tout de même gardé un pied chez les poneys puisque j’ai formé Winnetou (anciennement monté par Lilou Ducastaing, puis aujourd’hui par Valentin Quittet Eslan, ndlr). Après avoir passé mon BAC, je suis rentré dans une école de commerce avec une filière « sport de haut niveau ». J’avais envie d’aller prendre de l’expérience ailleurs. J’ai eu l’opportunité d’aller chez Geoffroy Soullez, situé au Haras de Jardy, en tant que cavalier maison. En parallèle, j’y ai effectué une formation DEJEPS. J’ai commencé en novembre mais, en février, il s’est cassé la jambe à la suite d’une chute avec Tempo de Kergane. Pour moi qui venais d’arriver, c’était assez impressionnant de devoir gérer son piquet de chevaux au quotidien avec sa monture de tête Madiran du Liot – JO/JEM. En réalité, par le malheur de Geoffroy, j’ai été jeté dans le bain. J’avais donc deux jeunes chevaux et Tempo à sortir en concours. Avec ce dernier, j’ai commencé en Amateur 2 et me suis classé lors du CCI** (actuellement CCI***) du Pouget. C’est une belle progression. Je ne devais rester qu’un an avec Geoffroy. Lors de mon départ, j’ai négocié pour acheter Tempo !
L’idée était alors de retourner en équipe de France. Nous avons pris le départ du championnat d’Europe Jeunes Cavaliers à Montelibretti, en Italie, en 2016. Nous avons été éliminés sur le cross. Tempo n’a pas énormément de courage sur ces parcours-là. Il est très regardant alors si moi, je ne vais pas de l’autre côté, il n’ira pas ! C’est assez rageant quand, le reste de la saison, les résultats sont là. À la suite, j’ai concouru beaucoup de PRO 1 et Pro Elite afin de me perfectionner vers le plus haut niveau.

Quentin Faucheur et Nanouchka de Swan - ph. Pauline Bernuchon
Saison 2012 toujours : Quentin et Nanouchka sur le cross de Pompadour – ph. Poney As
P.A :  En 2018, tu as pris part au championnat du Monde des moins de 25 ans avec Tempo de Kergane à Bramham, en Angleterre…
Q.F. : C’était la première fois que j’allais en compétition en Angleterre et je dois dire que c’est assez impressionnant ! Il y avait des tentes et des tribunes partout, tous les terrains étaient en herbe. Le dressage avait plutôt bien débuté avant que mon cheval ne se déconcentre. Quant au cross, nous avons fait une impressionnante chute : il y avait un trakehnen suivi d’un énorme panoramique. Mon cheval a été très impressionné, fait un gros saut, nous avons mal réceptionné et sommes tombés. J’essaie de me dire que, mêmes des grands cavaliers ayant fait ce concours n’ont pas été forcément bons et, dans tous les cas, ce n’est que de l’expérience à prendre ! Ça me motive davantage à y retourner !
 
P.A :  Le Poneyland d’Antony anciennement géré par tes parents, est devenu le club-équestre d’Antony dont tu es le directeur depuis juin dernier. Que cela représente-t-il pour toi ?
Q.F. : Depuis 23 ans, mon père gérait cette structure en étant salarié, mais les lieux appartiennent à la mairie. Il y a donc ici une délégation de service publique. L’année dernière, j’ai eu l’occasion de me présenter afin d’y être le directeur. Ça a été le projet de mes parents depuis des années où j’y ai vécu toute ma vie alors c’était impossible de le voir diriger par une autre personne. Avec le décès de ma mère, j’ai voulu que ce club reste dans la famille. J’ai toujours souhaité être patron alors, certes ce n’était pas réfléchi à l’avance, mais c’était la suite logique. Aujourd’hui, mon père est plutôt mon adjoint tout en ayant les mêmes responsabilités. Transmettre me tient à cœur, j’ai aussi une équipe de concours allant de Poney Elite jusqu’à Grand Prix. L’objectif est aussi d’avoir une structure qui me permette d’y mettre mes chevaux de haut niveau et de les monter. J’aimerai que ce ne soit plus un rêve mais une réalité, voilà un projet sur lequel je travaille : Paris 2024 ! Il n’est pas simple pour moi d’aller faire des stages avec des entraineurs et inversement, alors je viens de m’engager auprès de EquiVisio (cours d’équitation en ligne, ndlr) et j’essaie également de trouver les chevaux pour ! Cette année, je termine mon Master de finance ce qui me permettra de développer davantage mes entreprises puisqu’une seconde est en projet. C’est tout un monde que j’essaie de créer autour !
Quentin Faucheur et Tempo de Kergane - ph. coll. privée
Quentin Faucheur et Tempo de Kergane – ph. coll. privée

P.A : En cette période de confinement dû au COVID-19, comment t’organises-tu au sein de ton club-équestre ?
Q.F. :
Les poneys et chevaux (une soixantaine) ont été mis au pré dès l’annonce de la fermeture des structures équestres jusqu’au 15 avril. C’était trop coûteux de les garder aux écuries alors qu’ils n’y feront rien. Ils ont donc eu le droit à des vacances ! Mes employés ont été mis au chômage partiel. L’avantage est que j’ai gardé mes six chevaux et donc, qu’il n’y a que moi : je suis seul aux écuries. Je peux vraiment prendre le temps de m’occuper de chacun d’eux. Et, ça me laisse un peu de temps pour trouver un stage en finance (rire !).

Propos recueillis par Léa Tchilinguirian