Retour à la liste d'articles Article du 28/01/2021
CSO

Gruson / Rohmer : la combinaison gagnante !

L’association entre le Haras de Menil Jean (61) de la famille Gruson et la cavalière Valérie Rohmer ne cesse de briller et de faire ses preuves. Après le titre de championne des 5 ans de Chipie (Pfs, Aron N SL, Drp x Kannan, Kwpn) et la 3e place de Cassandre (Pfs, Tricky Choice du Péna x Linaro SL, Drp) dans la finale Future Elite, l’équipe connait encore une énorme satisfaction avec la victoire de la crack Divine (Pfs, Ulk d’Eté x Linaro SL, Drp) dans la finale des 7 ans.
Interview de Valérie Rohmer, cavalière professionnelle spécialisée dans la formation de jeunes chevaux.

Divine Meniljean et Valérie Rohmer - ph. Poney As
Divine Meniljean, Elite à 6 ans et championne des 7 ans sous la selle de Valérie Rohmer – ph. Poney As

Poney As : Valérie, quel est votre parcours équestre ?
Valérie Rohmer : J’ai commencé l’équitation avec des poneys puis sur le circuit jeunes (Minime, Cadet, Junior) avec quelques sélections en internationaux Juniors. J’ai passé mon bac S et mes parents m’ont offert une opportunité extraordinaire : me rendre une année chez un cavalier exceptionnel… Eric Navet ! Je peux vous dire qu’à 17 ans, c’est fantastique pour apprendre ! L’homme est incroyable de gentillesse, c’est une excellente école en tout point. J’avais ce bagage en main, mais la condition était que je reprenne mes études et c’est ce que j’ai fait pendant 2 ans. Il a fallu faire un choix ensuite : ce fut celui des chevaux ! Au départ, je me suis installée chez mon papa dans le centre équestre d’Hardelot (construit par ses parents et vendu depuis à son frère, ndlr). J’étais salariée, toujours dans l’optique de valoriser les jeunes chevaux : les débourrer, les former et les commercialiser. J’ai toujours baigné dans ce milieu ! Avec mon conjoint, nous avons acheté il y a 3 ans une propriété tout près de Rouen, que nous continuons d’améliorer. Nous développons un petit peu l’élevage. Nous avons près de 25 hectares en propriété et en location. Je m’occupe encore des jeunes chevaux et de leur formation.

Elite - Chipie Meniljean et Valérie Rohmer - ph. Pauline Bernuchon
Valérie et Chipie Meniljean, fille de Trinity d’Ecrepin (classée en Grand Prix de CSO, elle-même fille de Vicky), fut sacrée championne des 5 ans – ph. Poney As

Poney As : Comment êtes-vous venue à monter les poneys d’Alexandre Gruson, lui aussi cavalier professionnel et dirigeant du Haras de Menil Jean ?
VR : Nous avons toujours été bons copains et sommes restés en contact. En discutant, il y a 4/5 ans, Alexandre m’a demandé si j’avais un petit peu de temps pour monter ses poneys et les mettre en route. Comme j’étais assez disponible à ce moment-là, j’ai accepté. Ça s’est fait tout simplement. Nous nous sommes connus sur le circuit Poney dans les années 90, Alexandre avait un bien meilleur niveau que moi (rire) et avait déjà Vicky (la deuxième mère de Divine, double championne de France Grand Prix Elite de CSO et classée 13e des championnats d’Europe de 1998 sous la selle des cousines d’Alexandre, Aurélie et Emilie Dhenry, ndlr). Alexandre a son élevage et son écurie de concours dans l’Orne. Nous sommes à 1h30 de route l’un de l’autre. Les poneys sont chez moi pour le travail et partent en vacances chez lui après le Sologn’Pony.

5e - Chipie Meniljean et Valérie Rohmer - ph. Poney As
Chipie Meniljean et Valérie Rohmer – ph. Poney As

PA : Vous avez-donc côtoyé Vicky et connu de près cette belle histoire avec elle ?
VR : Oui, j’ai connu Vicky ! Je sortais à cette époque en C2 ou C1. Vicky était très connue, c’était la star du moment sur le circuit poney… L’histoire est belle : Vicky est à l’origine de tout. Alexandre a fait les Grands Prix avec elle, puis a passé le relai à ses cousines avant de la faire reproduire. Et ce n’est pas fini car les filles et petites-filles de Vicky poursuivent l’aventure à l’élevage. Alexandre a fait pas mal de transferts d’embryons avec elle, puis sa fille Ulotte, Cassandre, Divine, Chipie… Aujourd’hui, c’est Héloïse Gruson (fille du frère ainé d’Alexandre, ndlr) qui monte la descendance de Vicky, c’est vraiment une histoire extraordinaire ! C’est une chouette famille, très généreuse.

Vicky et son style reconnaissable - ph. coll.
Vicky, celle par qui tout a commencé… Ici sous la selle d’Emilie Dhenry, la cousine d’Alexandre Gruson  – ph. coll. privée

PA : Quels étaient les objectifs de cette « association » ?
VR : L’idée était de former les poneys sur les épreuves des 5, 6 et 7 ans afin qu’Héloïse les récupère. En 2020, j’en ai monté deux sur le circuit des 7 ans : Divine et Diabolo Meniljean. Héloïse a récupéré Divine. Alexandre est un homme de cheval, il va prendre le temps de former ce nouveau couple sur de petits parcours. Diabolo est loué par une petite cavalière, toujours de la famille d’Alexandre. Nous devrions aussi le revoir sur le circuit Poney.

PA : Allez-vous monter d’autres poneys « Meniljean » à l’avenir ?
VR : Il y a un petit creux dans les générations des poneys, il va falloir attendre un peu. Les produits de ces juments-là n’ont que 2 ans. Mais l’histoire se poursuit ! Nous verrons par la suite si je les monte ou pas.

PA : Comment pouvez-vous qualifier Divine Meniljean, cette ponette qui se fait remarquer sur chacune de ses sorties et avec laquelle vous avez remporté la finale des 7 ans ?
VR : Divine est une crack ! Elle est hors-norme, a un sens inné de la barre, est respectueuse, elle a les moyens de faire du très beau sport sur le circuit Poney. Par contre, elle est délicate, sensible et n’est pas toute simple. Il faut trouver les boutons, mais j’ai envie de dire que des poneys géniaux, ça ne court pas les rues…

Valérie Rohmer et Divine Meniljean - ph. Poney As
Valérie et la championne des 7 ans Divine Meniljean, une fille d’Ulotte Meniljean, petite-fille de Vicky ! – ph. Poney As

PA : Quels autres poneys « Meniljean » vous ont marqué ?
VR : J’aimais beaucoup la sœur utérine de Divine, Cassandre (par Tricky Choice du Péna) qui est aujourd’hui montée par Héloïse. Tout se passe très bien et le couple a débuté en Grand Prix. La période Covid est compliquée et les enfants n’ont pas beaucoup tourné, mais le couple fonctionne, je suis contente. Elle a de gros moyens, est intelligente et est beaucoup plus facile d’utilisation. Chipie aussi est très chouette, mais sans doute est-elle un peu plus précieuse, un peu plus coquine.

11e - Cassandre Meniljean et Valérie Rohmer - ph. Poney As
Cassandre Meniljean, sœur utérine de Divine, 3e de la finale des 7 ans avec Valérie Rohmer – ph. Poney As

PA : Pouvons-nous revenir sur la finale des 7 ans ? Comment l’analysez-vous ?
VR : Divine était contractée et contrariée le premier jour, elle était excitée. Dans ces moments-là, il faut ruser et essayer de gérer la crise (rire). La compétition avançant, elle s’est détendue, et tout est devenu plus facile.

PA : Et quel barrage ! Martingale enlevée, nous avons trouvé Divine « libérée » de l’extérieur, était-ce le cas ?
VR : Oui ! Je l’ai enlevée car je trouvais qu’elle était encore un peu contre, elle était libérée, vraiment super ! C’était aussi le troisième jour de concours, un peu de fraicheur en moins ne lui fait pas de mal (rire).

Valérie et Divine Meniljean lors de la finale des 7 ans du Sologn'Pony. Le couple remporte le titre - ph. Poney As
Valérie et Divine Meniljean lors de la finale des 7 ans du Sologn’Pony. Le couple remporte le titre – ph. Poney As

PA : C’est une victoire qui met encore en exergue votre combinaison « gagnante » avec les poneys de la famille Gruson. Était-ce d’ailleurs un objectif de remporter cette finale ?
VR : Gagner cette finale est formidable vis-à-vis de la famille Gruson. C’est top, car ce sont des gens passionnés, investis et qui ont la foi. Chipie et Divine ont reçu un titre de championne de France, Cassandre a été 3e de la finale des 7 ans, on ne peut pas rêver mieux ! Une pension travail chez un professionnel coûte aussi de l’argent, donc c’est une magnifique récompense. Cela valorise la souche, la ponette et l’élevage. L’objectif était d’aligner les sans-faute. Gagner est évidemment encore mieux ! On retient le premier, mais rarement le 2e et le 3e.

PA : Comment avez-vous trouvé les parcours de cette finale Future Elite, son niveau de difficulté ?
VR : La première manche était assez simple (48% de sans-faute sur les 50 partants, ndlr), mais la crise sanitaire ne nous a pas tous permis de sortir les poneys comme nous le faisons habituellement. Certains poneys ou enfants n’étaient pas prêts, ces épreuves-là ne sont d’ailleurs jamais faciles à construire car les niveaux peuvent être différents. Le premier jour, le chef de piste est obligé de construire une manche assez accessible, cela permet de faire du tri et d’affiner sa finale. Ce championnat était très intéressant : des manches très progressives, il n’y a pas eu de casse, c’était très malin, fin et intelligent, agréable pour le cavalier et le poney. Nous sommes ressortis de cette finale avec des poneys qui ont appris quelque chose. Pas de piège, mais de l’évolution, avec des petites fautes à droite à gauche, c’est extra !

Diabolo Meniljean et Valérie Rohmer – ph. Poney As
Diabolo Meniljean et Valérie Rohmer – ph. Poney As

PA : Plus globalement, en tant que cavalière professionnelle de chevaux, comment percevez-vous le circuit du Cycle Classique Poney ?
VR : J’ai connu ce circuit grâce aux poneys « Meniljean ». Il est bien fait, très semblable à celui des chevaux. En Normandie, nous avons pas mal d’épreuves intéressantes comme le Pin, le CIR de Saint-Lô… Je trouve que c’est un circuit professionnel. Il est bien fait et bien pensé, évolutif pour les poneys. Ils apprennent beaucoup et prennent de l’expérience. De mon point de vue, les finales de Lamotte-Beuvron sont à considérer comme celles de Fontainebleau.